MARCEL ET MONSIEUR PAGNOL

Un film de Sylvain Chomet

Un biopic qui veut être trop exhaustif

Synopsis du film

En 1956, alors que l’une de ses pièces ne fait plus salle comble, Marcel Pagnol, déjà académicien, pense à tirer sa révérence. C’est alors que la directrice du magazine Elle, lui propose d’écrire des articles sous forme de feuilleton littéraire; consacrés à sa vie. Plus intéressé par son travail sur une machine reproduisant le mouvement perpétuel, l’inspiration ne vient pas, jusqu’a ce qu’il reçoive la visite d’une corneille, d’un chat, et de son double, enfant, Marcel, qui l’interroge sur ses souvenirs…

Critique du film MARCEL ET MONSIEUR PAGNOL

Passé par les séances spéciales du Festival de Cannes, où son auteur connut un triomphe avec "Les Triplettes de Belleville", "Marcel et Monsieur Pagnol" est le nouveau film d’animation signé Sylvain Chomet, également auteur du magique "L’Illusionniste", mais dont le passage à la fiction avec "Attila Marcel" fut un relatif échec. En s’attaquant au biopic de Marcel Pagnol, auteur presque légendaire, représentant une France de l’humilité, du terroir, des racines et d’un certain franc parler du midi, il disposait d’une matière assez riche, dans laquelle le scenario semble avoir eu du mal à faire le tri. Car en tentant de condenser en quelque 90 minutes la riche carrière de l’académicien, de son enfance à ses cours en tant que prof d’anglais, de ses débuts dans le théâtre avec Les Marchands de sable en 1925 au triomphe de Marius, de l’adaptation de ce dernier au cinéma en 1931 a la création de son propre studio au logo en forme de cigale, de la mobilisation en 1939 à la vie à Monaco en 1954, le film finit peut sembler avancer en permanence à marche forcée.

Oubliant rapidement les aspects intimes de ce destin hors du commun, "Marcel et Monsieur Pagnol" se déroule à la manière d’une liste d’étapes obligées, agrémentée uniquement par des reconstitutions amusantes d’affiches ou d’annonces ciné de l’epoque, ou les évocations de personnages connus (la femme façon Arletty qui les aide à obtenir une chambre dans leur premier hôtel parisien, la figure de grande gueule de Raimu ou celle de Fernandel), dévoilant tout de même quelques anecdotes inconnues du grand public, comme le destin du petit agneau. Mais le plus gros handicap du film est sans doute de ne pas faire grand chose de son concept de base, l’intrusion régulière de Marcel, la figure enfantine semi-transparente de Pagnol ne servant finalement à rien, ni en termes d’avancement du récit, ni en termes d’apport d’une potentielle émotion. Derrière le dessin reconnaissable, le nouveau film de Sylvain Chomet aurait sans doute mérité de s’intéresser plus à l’homme qu’à ses talents, en focalisant son scenario sur quelques moments clés, plutôt que de vouloir embrasser l’ensemble de sa carrière. Il manque en tous cas cruellement d'humour ou de personnages à hauteur d'enfant pour attirer un jeune public, ce que sa démultiplication du personnage principal suggérait pourtant.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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