MAMIE-SITTING

Edward était un écrivain de l’ombre. Mais son dernier roman connaît un succès inattendu, au point que son éditeur l’invite à partir en tournée aux États-Unis. Ce qui devrait le rendre fou de joie est en réalité une source de stress, l’homme étant devenu l’aidant et un repère important pour sa mère, devenue muette suite à un AVC. Et suite à un improbable guet-apens, au lieu de partir au pays de l’Oncle Sam, le romancier va se retrouver à gérer sa mère, celles de ses deux amis, et même celle de son psy durant un week-end, tous ayant abandonné leur génitrice pour filer à une gigantesque fête gay en Espagne.

Si ce postulat laissait penser à une comédie déjantée, la suite sera bien plus proche du drame que de la farce. Car ces quelques jours passés ensemble seront avant tout l’occasion de s’ouvrir, de réparer certaines blessures et d’avouer enfin les mots qu’on n’a jamais su dire. Ensemble, ces grands-mères d’apparence acariâtre s’avèrent bien plus douces et bienveillantes qu’on ne pouvait le penser. Et à leur contact, le protagoniste, éternel introverti, arrive à se confier, se livrer comme rarement, réussissant à communiquer avec sa mère malgré sa situation. Si plusieurs scènes réussissent à nous toucher, le principal problème du film vient de son incapacité à faire cohabiter ses différents genres, donnant l’impression de deux intrigues non miscibles.

D’un côté, des jeunes gens queer qui s’amusent. De l’autre, un individu qui reconnecte avec lui-même et ses racines. Si les velléités du réalisateur sont probablement d’insister sur les joies de l’existence à tout âge et sur les valeurs de transmissions et de tolérance, le résultat est a minima très maladroit pour véritablement intéresser. Le traitement des aînés dans nos sociétés de plus en plus obnubilées par le jeunisme est pourtant un sujet qui intéresse le cinéma, à l’image du récent "Belladone", mais "Mamie-Sitting" se perd trop entre ses tonalités et ses messages pour réellement donner vie à son propos. Souvent brouillon, parfois mécanique, le métrage transforme malheureusement sa sincérité en artificialité, laissant une impression peu agréable pendant quelques instants, avant d’en avoir presque complètement oublié le visionnage…