MAGMA
Des sujets intéressants, mais un gros manque de tension
Volcanologue depuis des années sur la Souffrière en Guadeloupe, Katia a pour stagiaire Aimé, fils de propriétaires d’un restaurant de plage du coin, qui termine son post doctorat, et qu’elle souhaite emmener avec elle dans son nouveau poste à La Réunion. Après des fumées et d’autres manifestations diverses, elle tente de rassurer le préfet sur le fait que le volcan est stable. Mais suite à une explosion et un petit éboulement qui a fait 12 blessés, celui-ci decide d’évacuer une partie d’un village, entraînant une certaine tension sur l’île…
"Magma" n’est pas le portrait de femme promis par le synopsis officiel du film, le scénario ne creusant pas réellement les motivations ou les problèmes personnels de Katia, personnage auquel Marina Foïs parvient cependant à donner une aura de mystère, dans son obstination à ne voir en « son volcan » que des signes d’un comportement usuel, et considérant qu’il vaut mieux ne pas avoir « zéro évacués pour rien » et qu’ « un bon volcanologue est un nomade ». Deux adages qui président donc à cette intrigue par moments un peu laborieuse, qui prend le parti de refuser tout sensationnel, s’intéressant avant tout à l’humain face au risque, tiraillé entre peur, fascination, intérêts personnels, besoin de travailler et manger...
Parti de l’expérience d’évacuation de 1976, dont le souvenir est grand pour les déplacés, Cyprien Vial a donc travaillé avec Nicolas Pleskof un scénario qui met en avant les dissensions entre parole politique et parole scientifique, chacun semblant enfermé dans sa logique. Touchant du doigt ainsi la défiance des populations locales envers l’autorité et l’État en particulier, tout comme plus maladroitement la nécessité pour celles-ci de reprendre en main certaines choses, contrôlées par des métropolitains souvent de passage (il ne suffit malheureusement pas que l’homme blanc - ici la femme blanche - se retire, pour que les problèmes soient résolus), le film n’est pas exempts de maladresses voire d’incohérences.
Sur ce deuxième point on ne citera que le fait que l’héroïne se réfugie dans un bunker pour mieux capter une conversation avec son stagiaire au talkie walkie, ou les applaudissements en héros à la sortie d’un hélicoptère par une population en liesse... alors que la catastrophe n’a pas encore eu lieu... Si le film tente d’approcher l’angoisse des populations déplacées et l’atmosphère tendu qui règne, il manque sur ce point cruellement de moyens, réduisant les manifestations au minimum et n’incarnant que mollement pillages et altercations entre police et habitants. Cela est d'autant plus regrettable qu'avec un peu plus de tension, on aurait aimé croire au caractère éruptif de cette population aux aboies.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur