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MADAME SATA

Un film de Karim Aïnouz

Un personnage attachant, aux mille et une facettes

Joao Francisco dos Santos est un brésilien noir, qui vit dans les quartiers chauds de Rio. Travailleur acharné dans un cabaret, maître tortionnaire, homosexuel fougueux, père adoptif, son personnage complexe s'avère être un rebelle peu enclin à se laisser marcher sur les pieds...

Ceux qui s'attendent à découvrir, avec Madame Sata, un nouveau Priscilla Folle du Désert ou à se rincer l'œil devant toutes sortes de travestis ou transsexuels en plein spectacle, vont être déçus. Bien sûr, le film ne saurait aborder la vie de Joao sans montrer les affres de certaines de ses liaisons homosexuelles, parfois torrides. Cependant, c'est à la complexité de cette personne que le scénario s'attache, et à ses relations avec la société qui l'entoure. Se rebellant contre le racisme ordinaire, qu'il vienne de la part de ses amants, des clients du bar qu'il fréquente, de ses patrons au cabaret, ou de vigils de boîte de nuit, la rage qui y répond et l'anime est palpable.

Le regard et la musculature exacerbée de l'acteur principal sont pour beaucoup dans la puissance que dégage ce personnage, aux actes ambiguës, sachant jouer d'autorité comme de séduction et douceur. Son caractère entier lui vaudra bien des ennuis. Sans jamais verser dans le misérabilisme, ni le cliché facile, le réalisateur nous dresse le portrait d'une génération qui va faire naître une véritable culture afro-brésilienne, et donner à Rio l'image qu'il a aujourd'hui. Un film fort et troublant.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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