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MADAME COURAGE

Un film de Merzak Allouache

Sec et linéaire

Omar vit avec sa mère et sa sur dans un bidonville de la banlieue de Mostaganem, en Algérie. Accroc à des psychotropes surnommés « Madame Courage », l’adolescent désuvré passe ses journées à errer, commettant des vols à la tire en vue de se procurer le précieux comprimé. Jusqu’au jour où, après avoir arraché un bijou du cou d’une jeune fille, il se sent irrémédiablement attiré par sa victime…

Centré sur l’obsession de son héros pour une jeune fille toute simple, sans que cette attirance ne soit expliquée ni même qualifiée (est-ce un coup de foudre ? de la curiosité évoluant vers de la fascination ?), ce film de Merzak Allouache semble promouvoir un message d’espoir : celui que même le déterminisme social le plus exacerbé (ici la disparition d’un père et la pauvreté des villes algériennes de seconde zone) peut être enrayé par la pureté d’une rencontre ou d’un sentiment. Or il faut avouer que le film peine à rendre cette idée consistante, tant la narration mise en oeuvre est sèche et linéaire.

On suit en effet le jeune Omar (impassible Adlane Djemil) dans sa routine, faite d’allées et venues dans la ville, de combines de survie et de prises de drogue régulières effectuées à l’abri des regards indiscrets. La répétition des scènes, si elle enfonce le clou du fatalisme, n’aide guère à se passionner pour l’histoire. Même la survenue de l’intrigue amoureuse, appelons-la ainsi, ne fait guère tressaillir l’encéphalogramme du métrage, les démarches entreprises par le protagoniste consistant principalement à suivre la jeune fille et à l’épier sans mot dire.

Aussi édifiante soit la peinture sociale présentée à l’écran, à travers notamment la description du bidonville et du climat de danger perpétuel qui semble y régner, éprouver une réelle empathie pour les personnages relève du défi. L’économie de mise en scène et de dialogues, ainsi que le procédé de caméra à l’épaule si usité lorsqu’il s’agit de faire du cinéma réalité, ne facilitent pas la tâche du spectateur dans ses tentatives de sortir de l’ennui. L’absence de fin ne surprend même pas, tant le film semble destiné à passer sans laisser de traces.

Sylvia GrandgirardEnvoyer un message au rédacteur

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