LOVEABLE
Remise en cause
Synopsis du film
Maria, fraîchement célibataire, a flashé sur Sigmund lors d’une fête et tout fait pour le recroiser par la suite. Un soir les choses se concrétisent enfin et ils entament une histoire, Sigmund se prenant d’affection pour ses deux enfants. Sept ans plus tard, alors qu’ils ont eu deux enfants supplémentaires, Maria a presque laissé tomber sa carrière et se consacre à la vie domestique, alors que Sigmund, lui, continue à voyager régulièrement pour son travail, contrairement aux promesses qu’il a faites d’être plus présent. Maria commence alors à lui faire des reproches, tentant d’exprimer sa profonde fatigue…

Critique du film LOVEABLE
"Loveable" est sans contestation possible un beau portrait de femme en plein épuisement. Remarqué au Festival de Karlovy Vary, où il a reçu le Prix Spécial du jury et Prix d’interprétation féminine, mais aussi le Prix du jury œcuménique, le film a également le Grand Prix du Jury et le Prix d’interprétation pour sa formidable actrice Helga Guren, dont on ne mesure plus les nuances de jeux. Son histoire est d'ailleurs contée dès le départ en voix-off, alors que son personnage, Maria, semble répondre à des questions sur la manière dont a commencé son histoire avec Sigmund, dont elle aura deux enfants, en plus des siens. Après une introduction qui joue d'une caméra instable, au diapason de la passion des débuts et de la légèreté des moments de bonheurs et de complicité montrés, le drame peut s'installer, quelques 7 ans plus tard, alors que Maria croule sous les tâches quotidiennes, l'animosité de ses deux ados, et le tourbillon permanent que représentent les deux plus petits.
Au delà d'une question de charge mentale de la femme, de place dans un couple où l'un des deux travaille et dispose en apparence de moments à lui, à l'extérieur du foyer, c'est avant tout de l'accumulation de frustration et de la colère qui s'en dégage que va traiter, très intelligemment, le scénario de Lilja Ingolfsdottir. Avec plus ou moins de douceur, les interactions de Maria avec des extérieurs (une amie, une thérapeute, sa mère...) à ce couple qui ne communique plus que par agression, vont peu à peu dévoiler les failles du personnage lui-même, dans son incapacité à se laisser choyer ou simplement aider. Le miroir construit ainsi est finalement assez douloureux, pour le personnage comme pour le spectateur, dans ce qu'il implique de capacité à remettre en cause ses certitudes et à revenir sur son propre comportement. Helga Guren, elle, impressionne, et on espère la revoir très vite dans un autre premier rôle.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur