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LIVING THE LAND

Un film de Huo Meng

Passage à l’âge adulte sur fond de changements de société

1991, dans un village rural de Chine. Le petit Chuang, 10 ans, accompagne un cercueil pres du lac, où vont être récupérés les ossements de son arrière grand père, afin de rejoindre un futur caveau familial plus proche du village, où va être enterrée son arrière grand mère, décédée récemment à l’hôpital. Élevé par deux de ses tantes, dont une enceinte, avec son cousin déficient et sa grand mère, alors que ses parents sont absents durant de longues périodes pour travailler à la ville, il va devoir travailler quinze jours aux champs durant les vacances de juin liées aux moissons…

C’est sur fond d’exode rural et de mutation des pratiques agricoles que se déroule "Living The Lang", premier film chinois de la compétition berlinoise 2025. Portrait doux amer d’un jeune garçon (Chuang, 10 ans) dont les parents travaillent à la ville, et sont donc longtemps absents, le film décrit un monde rural tourné vers l’agriculture (tout le village se trouve encore mobilisé pour les moissons, des enfants jusqu’aux grands voire arrières grand parents), où la famille est la chose la plus importante et où la condition de la femme reste difficile. Décrivant avec douceur le lien qui unit Chuang à sa plus jeune tante, promise à un jeune homme qui lui rend visite, c’est un récit d’attachement et de complicité qui se profile alors que le garçon doit faire face à l’absence, à la mort et aux départs.

Délicate chronique d’un monde rural amené à disparaître, comme le monde de cet enfant qui en est l’observateur, "Living the Land" bénéfice d’une superbe photographie mettant en valeur les paysages agraires où l’on tente de construire un mausolée en bord de champs, comme d’étranges endroits tels que cette sorte d’ancien four circulaire où sont récupérées des briques. Récit de début de passage à l'âge adulte, celui-ci montre aussi le traitement des « idiots du village » (comme le cousin du héros, qui perturbe certains moments et est harcelé par les enfants), ou la considération des femmes en générale, avec la manière dont se déroule le mariage, ulcérant Chuang, comme celle dont, une fois celui-ci passé, les hommes se retrouvent entre eux, les femmes à part. Une chronique douce-amère, intéressante ne serait-ce que pour son aspect anthropologique.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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