LITTLE TROUBLE GIRLS
Un élégant film sur l’éveil des sens
Lycéenne, Lucia, 16 ans, rejoint le chœur de son école catholique, où elle devient amie avec Ana-Maria et une autre adolescente. Devant suivre un stage intensif de trois jours lors d’une retraite, celles-ci arrivent dans un couvent, accompagnées du conducteur. Mais la presence d’ouvriers de chantiers dans le cloître devient vite un sujet de distraction, d’autant que les choses rendent curieuses ces jeunes filles. Découvrant où les ouvriers vont se baigner, tous nus, Ana-Maria décide de voler un vêtement de l’un d’entre eux…

"Little Trouble Girls" s’ouvre sur un écran noir avec des bruits de respiration. Après une rapide vue sur une peinture au mur (évoquant autant une fleur qu'un vagin), c’est un ensemble de très gros plans qui se succèdent sur des oreilles, bouches, boucles de cheveux appartenant au groupe de jeunes femmes dont va désormais faire partie l’héroïne, Lucía, 16 ans, en intégrant le chœur de son école, mêlant joyeusement prières et chants. Cette approche indique en réalité à elle seule toute l’attention du personnage envers ce qui l’entoure, à l’affût de nouvelles amitiés mais aussi de tout ce qui pourra stimuler ses sens, déjà titillés par la présence d’ouvriers dans le cloître du lieux où la troupe va faire un stage de trois jours.
Impeccablement cadré, ce premier long métrage de Urška Djukić, découvert dans la section Perspectives du Festival de Berlin 2025, souligne la rigidité de la religion et la persistance du secret autour du ressenti des jeunes femmes, le seul homme ici (le conducteur) tournant au bourreau lorsque l’expression d’une possible sexualité pointe son nez. La scène où celui-ci la harcèle la jeune fille sous prétexte d’inattention, est d’ailleurs difficilement soutenable, jusqu’au long travelling avant sur le visage de Lucía, tentant de faire bonne figure. Récit de passage à l’âge adulte porté par une jeune actrice remarquable (Jara Sofija Ostan), "Little Trouble Girls" marque aussi bien par son approche de cruels jeux adolescents, que par l’exploitation d’un effet de groupe suggéré par le regard du personnage lui-même ou par quelques sons bien placés (les rires et une porte claque dans la scène de toilettes). Un premier long prometteur.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur