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LIGNE D'EAU

Un film de Tomasz Wasilewski

En eaux un peu trop troubles

Kuba est un jeune nageur qui rêve de titres de champion en natation. Il vit avec sa copine dans l’appartement de sa mère un brin castratrice. Mais Kuba est au fond de lui un jeune homo refoulé, qui au contact de Michal va s’ouvrir peu à peu à une nouvelle vie…

La Pologne questionne beaucoup sur l’identité sexuelle. Après "Aime et fais ce que tu veux", voici "Ligne d’eau", le nouveau film gay polonais. Une œuvre universelle, mais qui raconte beaucoup sur la situation sociale des homos en Pologne. Le film traite en effet d’un cas d’école, ou comment un hétérosexuel se prend d’un coup à douter et à se remettre en question quand il croise le regard d’un autre garçon qui le fait chavirer. En couple avec une ravissante fille, beau gosse bien bâti grâce à des heures d’entraînements quotidiens en piscine, Kuba cache ses penchants pour les garçons dans les vestiaires. Sa vie semble toutefois toute tracée, futur marié, futur père, et tout pourrait être aussi limpide que l’eau claire avec un destin qui n’aurait qu’à suivre le couloir d’une ligne d’eau. Mais Kuba va déroger aux règles établies et à la norme sociale après sa rencontre avec Michal, un beau jeune homme qui essaie de vivre son homosexualité au grand jour y compris au sein de sa famille, qui l’accepte plutôt bien. Le trouble va d’abord habiter Kuba, sa copine va ensuite tout faire pour le garder, sa mère possessive et manipulatrice usera même de pernicieux stratagèmes, mais les sentiments sont trop forts, et le véritable amour trop puissant.

Le réalisateur cadre intelligemment ses comédiens pour raconter ce qui ne se dit pas. Car les dialogues se font rares dans "Ligne d’eau" et l’histoire se comprend davantage dans les regards, les positions, les frôlements, les détachements et les corps à corps. Le film est donc plutôt bien mis en scène, alors que du côté de l’écriture on aurait aimé aller plus directement dans le vif du sujet. Le spectateur peut en outre être rapidement perdu par le comportement d’un Kuba un peu trop obscur. Mais le film expose ainsi un côté sombre de la société polonaise d’aujourd’hui : un pays dans lequel les jeunes homos commencent à peine à pouvoir « être » et « vivre » grâce à l’ouverture vers l’Europe. Mais un pays confronté à l’homophobie, avec 90 % de ses habitants qui se disent catholiques diabolisant l’homosexualité. Mateusz Banasiuk, le comédien qui joue Kuba, délivre une belle performance qui n’est pas sans rappeler celle de Heath Ledger dans "Le Secret de Brokeback Mountain", tout en retenue et mutisme, à l’image d’une Pologne en retard face aux discriminations dont sont victimes les gays et lesbiennes polonais et qui a encore du chemin à faire pour œuvrer pour l’égalité des droits.

Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur

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