LIFE OF CHUCK

Un film de Mike Flanagan

Chronique fantasmée du quotidien et célébration de l’ordinaire

Synopsis du film

Trois chapitres pour raconter la vie d’un homme ordinaire. À moins que…

Critique du film LIFE OF CHUCK

Mike Flanagan et Stephen King se connaissent décidément très bien. Après avoir signé les adaptations de ''Jessie'', ''Doctor Sleep'' et de la série à venir ''La Tour sombre'', le réalisateur transpose ici à l’écran une nouvelle de celui qu’on surnomme le Maître de l’horreur. Sauf que cette fois, aussi surprenant que cela puisse paraître, il ne sera pas question d’épouvante, mais bien d’un drame, et plus précisément d’une tragédie métaphysique. Et alors que jusque-là, le cinéaste ne s’était jamais éloigné de son domaine de prédilection, il va le faire avec brio, donnant vie à une œuvre bouleversante, profondément mélancolique, où les émotions sont assumées sans jamais sombrer dans la mièvrerie qui guette.

''Life of Chuck'' fait partie de ces films qui ne se résument pas, mais se ressentent, tout y est question de sensation plus que linéarité scénaristique, à l’image de son montage en trois chapitres antichronologiques. Dans un premier acte, un enseignant renoue avec son ex à l’approche de ce qui semble être la fin du monde. Alors que les routes s’écroulent et que la Californie est plongée dans le noir, des publicités pullulent, celles remerciant Charles Krantz, surnommé Chuck, pour ses 39 belles années. Qui est-il ? Quel rapport avec cette apocalypse soudaine ? Dans le deuxième chapitre, on découvre cet énigmatique personnage, pourtant comptable à l’air très sérieux. Un jour, alors qu’il marche dans la rue, il décide de danser en pleine rue, se faisant bientôt rejoindre par une inconnue. Dans le volet final, Chuck est un enfant vivant chez ses grands-parents.

Tout cela pourrait apparaître sans vraiment de lien, à part, probablement, une mise en scène et un procédé prétentieux. C’est tout le contraire qui se joue sous nos yeux, chaque plan transpire d’une rêverie fiévreuse, les séquences se répondent, se complètent dans un grand puzzle dont on ne comprend pas tout mais dont la raison a moins de sens que l’émoi suscité. Déchirant et sublimé par la photographie de d’Eben Bolter, ''Like of Chuck'' est une grande démonstration formelle, un voyage onirique dans la lignée de l’esprit de Charlie Kaufman, d’''Eternal Sunshine of the Spotless Mind'' ou de ''La vie rêvée de Walter Mitty''. Les références ne sont pas trop écrasantes, le métrage de Mike Flanagan s’imposant immédiatement comme un classique, car il transcende un message ô combien banal et universel : il y a de l’extraordinaire dans chaque existence, une matière à raconter et à mémorer dans chaque vie. Le message pourrait être niais, quasi-ridicule, il est poignant et transcendant.

Grâce à un casting parfait (quelle performance de Tom Hiddleston qu’on n’avait pas vu autant en forme depuis "High Rise"), une inventivité esthétique et une croyance absolue dans le pouvoir du medium cinématographique, le film s’impose comme l’un des évènements de cette année 2025. On peut, nous aussi, le dire : Merci Chuck !

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

BANDE ANNONCE

Laisser un commentaire