LETTRES SICILIENNES

Un thriller mafieux plutôt convaincant

Au début des années 2000, en Sicile, Catello, homme politique, sort de prison et se découvre non seulement un gendre, idiot, mais aussi des dettes. Ayant tout perdu, il décide d’accepter l’offre des services secrets italiens, lorsqu’il apprend que le nouveau maire va faire abattre les travaux qu’il a déjà engagés pour la création d’un hôtel de luxe. Il va donc les aider à coincer son filleul, Matteo, dernier des chefs mafieux en cavale. Malin et toujours prêt à rebondir, en déformant parfois la réalité, Catello parvient à entamer une correspondance avec le fugitif, qui réponde à sa première lettre en se faisant appeler Emanuele…

Film de mafia un peu à part, "Les Lettres siciliennes", découvert l’an dernier en compétition au Festival de Venise, affiche un scénario lorgnant sur la comédie, avec la correspondance improbable entre deux personnages ayant un lien à la fois familial et religieux. Catello est ainsi le parrain de Matteo et était l’ami de son père décédé. Matteo, lui, est surtout le dernier d’une famille mafieuse, qui se planque chez une femme, ne pouvant sortir que dans la cour. Cette figure qui nous est présenté dès le début comme un homme violent et sans scrupules, avec un flash-back remonte à sa jeunesse, où il accepte d’égorger une chèvre, le sourire en coin, à la place de son aîné, intéresse particulièrement les autorités, qui vont donc passer un pacte avec Catello, pour l’approcher. Mais faire sortir le loup de sa tanière ne sera pas chose facile.

Fabio Grassadonia et Antonio Piazza, jouent ici avec les codes du polar, en invitant le légendaire Toni Servillo à jouer les couleuvres, glissant des doigts de ceux qui pensent le contrôler, et manœuvrant d’abord pour ses propres intérêts. Interprété dans toute sa malice et ses manigances, que sa femme lui renvoie en miroir régulièrement avec des paroles cinglantes, le personnage est sans doute l’intérêt principal du métrage. Face à lui, celui-ci Elio Germano incarne avec fébrilité un mafieux intraitable et à la limite du psychopathe. Un personnage cruel et téméraire, possessif et adepte du tout contrôle (il pète un câble à cause d’une pièce de puzzle manquante), que le premier aurait tort de prendre à la légère, et dont la rivalité avec sa sœur va pimenter encore plus l’affaire. Offrant grâce à un personnage de policière persévérante, une réflexion sur l’intégrité, "Les Lettres siciliennes" s’avère plutôt efficace côté le thriller, avec des rivalités donnant dans l’escalade, comme dans la comédie (la proposition du candidat en remplacement du maire démissionnaire, l’allusion aux derniers italiens qui lisent encore…).

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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