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LESBIAN SPACE PRINCESS

Barré et politiquement incorrect

Saira est une princesse lesbienne de l’espace, vivant sur la planète Clitopolis. Plaquée après à peine 15 jours de relation avec Kiki, elle va se lancer à la recherche de celle-ci. En effet Kiki a été enlevée par les mÂliens Hétéros Blancs, qui l’utilisent comme appât pour attirer Saira et récupérer son Labrys (hache à double tranchant) de princesse…

Avec son dessin 2D assez simple aux couleurs pastel, aux personnages aux traits de contour bleus et aplats de couleur, ayant des bras et jambes tubulaires, ce film d’animation australien n’est clairement pas pour les petits. Il faudra non seulement quelques clés de lecture liés à la culture Queer pour s'y retrouver, mais aussi une bonne dose de second degré. Car ici la princesse n’est autre qu’une lesbienne triste que sa copine aventurière intrépide plaque au début du film car elle la trouve ennuyeuse. Mais c’est surtout l’archétype, décrit dès le générique, de la personne qui tombe amoureuse trop vite, persuadée qu’un signe d’intérêt n’est autre que le signal d’une romance éternelle. Toute l’introduction, où Saira offre un scrap-book à Kiki pour retracer leur histoire (pourtant vieille de seulement 15 jours) a en effet de quoi effrayer la moindre compagne censée. Ceci tout comme les litres de larmes qui suivront la rupture.

Mais l’intérêt de "Lesbian Space Princess" est aussi de détourner à la fois les codes du film de science fiction, du buddy-movie et du teen-movie pour en faire un réjouissant mélange, avec vaisseau déglingué servant de pote inquiet, méchants aliens et risque de chute dans une étrange potion verdâtre, mais aussi grand bal lesbien... Bien entendu l’aventure se double de pics aux symboles du lesbianisme (selon les « anciennes écritures de Wikipedia », un labrys, symbole de force et d’indépendance), au patriarcat (les Straight White Maliens, sortes de tickets blancs aux gros sourcils) et au comportement de drague des hommes (inventeurs ici d’un aimant à poulettes au sens propre comme figuré), dont l'attitude est moquée dans une formidable scène d’entraînement à l’obtention d’un numéro de téléphone. En bref laissez vous séduire par ce Teddy Award du meilleur film au Festival de Berlin, avec cette Princesse peureuse et ses copines plus ou moins sensibles, quelques ébauches de chansons mièvres, des personnages secondaires trognons (dont un vagin dansant) et une bonne dose de dialogues barrés.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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