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LES VEDETTES

Un film de Jonathan Barré

Drôle ou cruel ?

Daniel et Stéphane sont collègues dans une enseigne d’électronique et d’électroménager, et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils ne s’apprécient guère. Pourtant, un enchaînement de circonstances va en faire des alliés dans une quête commune : participer à des jeux télévisés pour exploiter leur talent respectif et gagner un maximum d’argent…

Les Vedettes film movie

Avec "Les Vedettes", le Palmashow propose une sorte de "Dumb et Dumber" à la française, avec deux losers pas vraiment conscients d’être des ratés. Si les personnages incarnés par Grégoire Ludig et David Marsais sont un cran en-dessous de ceux de Jim Carry et Jeff Daniels, ils forment tout de même un duo marqué par un mélange de beaufitude, de naïveté et d’imbécillité qui les conduit à croire en l’impossible et à oser l’impensable.

Régulièrement à l’écart des normes sociales, Daniel et Stéphane multiplient les bourdes, les décisions inadaptées, les comportements déplacés ou les réactions excessives. Entre quiproquos et moments de solitude, ils enchaînent les obstacles mais, qu’ils les franchissent par miracle ou qu’ils se prennent un mur, ils continuent coûte que coûte, croyant naïvement en une destinée qui peut sembler absurde de l’extérieur.

Au-delà de la pure comédie, les humoristes et leur compère Jonathan Barré (réalisateur et coscénariste) livrent en sous-main une critique sociale parfois féroce, mettant en scène des personnages cyniques profitant des « cas soc’ » (le terme est dans les dialogues). On a ainsi droit à un animateur star dont la sympathie avec ses fans est totalement feinte (rôle joué par Damien Gillard), un producteur des jeux télé qui choisit clairement de pauvres bougres pour les jeter en pâture au public en misant sur la moquerie pour booster l’audimat (Julien Pestel), ou encore une patronne qui fait miroiter des promotions à un employé crédule et zélé (Juliette Plumecocq-Mech). À l’opposé, "Les Vedettes" interroge certaines conséquences de la société de consommation, avec notamment l’endettement ou les rêves puérils de célébrité (les jeux télé, la chanson, la télé-réalité, le rap…).

Le long métrage atteint toutefois ses limites sur plusieurs points. Parfois, on ne sait plus trop s’il est sain de rire ou s’il conviendrait d’être gêné vis-à-vis de protagonistes presque trop réalistes (là où "Dumb et Dumber" était beaucoup plus dans l’excès, ne suscitant donc pas autant d’empathie de la part du public pour des personnages clairement idiots et faits pour susciter l’hilarité). La réalisation manque également de rythme, notamment au début, où on a bien peur que la comédie fasse un vrai flop. Enfin, si Ludig et Marsais cultivent leur goût pour la parodie, le curseur n’est pas toujours poussé assez loin, et on a souvent l’impression de voir des copiés-collés du "Juste Prix" ("Prix à tout prix") et de "N’oubliez pas les paroles" ("Et tu chantes chantes") plutôt que de véritables parodies. Sympathique, "Les Vedettes" n’est donc pas tout à fait « pile pile poil », pour reprendre le slogan de l’animateur. On retiendra quand même de grands moments, et notamment le désopilant clip kitsch de "Besoin de chanter".

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

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