LES RÈGLES DE L'ART

Un film de Dominique Baumard

Viser trop haut

Joe, cambrioleur méthodique est en affaire avec Éric, receleur capable de tout négocier et tout revendre. Dans une boutique, Éric croise Yonathan, expert en art et réparateur de montres. Il va alors lui proposer une arnaque à l’assurance, en lui faisant revendre la montre d’une cliente à un acheteur saoudien. Mais Joe lui apporte à Eric cinq tableaux, dont celui qu’il avait demandé, un Fernand Leger…

Prix du jury surprise au dernier Festival de l’Alpe d’Huez, "Les Règles de l’art" est une comédie dramatique qui utilise les codes du polar pour mieux approcher trois gangsters amateurs, dont les aspirations individuelles n'iront pas forcément de paire avec leur passage de petites arnaques à un gros coup. Ténu, l’humour passe avant tout au second degré, par l’insouciance avec laquelle chacun opère, le scénario (inspiré d'un fait divers) déroulant avec précision les étapes qui les auront menés vers une mise en danger de chacun. Les trois interprètes parviennent d’ailleurs à rentrer dans la peau de trois hommes aux tempéraments contrastés avec un certain bonheur.

Steve Tientcheu surprend en cambrioleur nonchalant, repérant les lieux, faisant des allers-retours avec la quincaillerie du coin pour s'équiper de manière adéquate, sans jamais dévier de son objectif (rapporter un tableau de valeur) quitte à s’attaquer à un Musée dans lequel il se promènera comme dans une visite d’appartement. Melvil Poupaud incarne lui l’envie d’action et de changement, se laissant griser en jouant les négociateurs, après et avant quelques inquiétudes. Il est le fabuleux crédule et influençable de la bande. Quant à Sofiane Zermani, il incarne un gars enjoué, baratineur et manipulateur, et si l’on peine parfois à suivre son débit, il donne au personnage d'Eric ce mélange d’insouciance et d’autorité qui en font un arnaqueur presque professionnel.

C’est finalement le contact des trois qui va faire dérailler la machine, la mise en scène dévoilant avec recul et donc humour, les défauts ou faiblesses de chacun (l’ambition pour Joe, l’aspiration à la grande vie et la propension à utiliser les autres pour Eric, et l’absence de talent de comédien pour Yonathan). Au final, l’histoire, assez incroyable, qui fonctionne avant tout grâce à ses personnages et leurs interprètes, nous tient tout au long en haleine, jusqu’à un final d’une ironie réjouissante.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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