LES RAYONS GAMMA

Un film de Henry Bernadet

Une bande de jeunes résolument touchants

Montréal, dans le quartier Saint Michel. Abdel voit débarquer son cousin Omar, imposant et extraverti, pour l’été. Fatima s’essaye à un boulot de caissière, pour s’éloigner de mauvaises fréquentations, et essaye de protéger sa copine Naïma. Toussaint, lui, qui n’a aucun ami, récupère sur les bord du Saint Laurent, une bouteille avec un message, et comme une discussion avec une femme habitant ailleurs…

Au départ, on ne sait pas trop où "Les Rayons Gamma", qui sort directement en SVOD et VOD sur Universciné en ce début d’année, veut nous emmener. Ressemblant à un documentaire, mais mêlant clairement des éléments de fictions, ce film québecois signé Henry Bernadet demande aussi à chacun de ses interprètes issus du quartier Saint Michel à Montréal de composer de vrais personnages. Sont-ils éloignés de ce que chacun d’eux est vraiment ? Finalement peu importe, car si ces jeunes adultes sont pour la plupart issus de la diversité, avec des racines marocaines ou autres, c’est avant tout autour de leur capacité à dialoguer avec les autres, à écouter leurs amis ou connaissances, que le scénario se développe.

Film choral par excellence, mêlant les individualités à divers groupes, dans des lieux familiers (un parc urbain, un appartement pour une fête…), "Les Rayons Gamma" joue avec la lumière et le ressenti de ces jeunes gens face au monde. Aux réflexions métaphysiques de Toussaint, garçon solitaire qui n’ose pas s’adresser aux autres, succèdent ses visions d’un parking aux lumières fluctuantes et les lumières vibrantes derrière un rideau perçues derrière Fatima. Dans ce monde instable, où les autres « croient les connaître » comme il est dit sur la fin, chacun va devoir remettre en question ses certitudes face à la dureté du monde : sa force et son arrogance pour Fatima, face au racisme ordinaire ou au stress de la vie moderne, sa supériorité intellectuelle pour Abdel face à la sensibilité bien cachée de son cousin, sa solitude pour Toussaint, face à cette inconnue qui l’enjoint à parler aux gens. Aucun n’a d’avenir tout tracé, contrairement au jeune homme blanc en costume assis à l’arrêt de bus (une scène hautement symbolique), mais tous s’avèrent au final émouvants.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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