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LES NOCES REBELLES

Un film de Sam Mendes

A different way of life

April et Frank Wheeler se sont rencontrés lors d’une soirée à New York au début des années 50. A la naissance de leur premier enfant, ils s’installent dans une banlieue pavillonnaire. Pour elle, l’ambition d’être actrice se dissout peu à peu dans une vie de femme au foyer et lui devient, comme son père, commercial pour une société de Manhattan. Déprimée par tant de conformisme, April voit sa relation de couple se détériorer et décide de réagir en proposant à son mari de tout vendre pour aller vivre à Paris, cette ville qu’il adore et où il a séjourné quelques années auparavant…

Sam Mendes renoue ici avec un thème qu’il avait déjà évoqué dans “American Beauty” en mettant en scène des personnages emprisonnés dans les carcans d’une société bien pensante. Mais à la différence de son précédent film, “Les noces rebelles” n’est pas une satire de l’”American way of life”, mais un drame au réalisme cinglant.

La relation entre le mari et la femme est décortiquée dans les moindres détails. Au début du film tous deux voient leurs rêves de jeunesse s’évaporer et l’amour laisse place peu à peu à la routine et aux disputes. Lui s’en accommode plutôt bien, alors qu’elle, enfermée dans son pavillon de banlieue, frôle la dépression. Pour échapper à cela elle envisage une porte de sortie qui en inversant les rôles, leur permettrait à chacun de s’épanouir autant individuellement que dans leur vie à deux.

Le couple est l’épicentre du film et les personnages secondaires ne sont là que pour souligner la singularité de leur relation. Que ce soient les voisins, ou les collègues de travail de Frank, ils sont le reflet de cette société américaine pragmatique basée sur la réussite et la famille. Considérant d’abord les Wheeler comme une famille modèle avec de beaux enfants et une belle maison, leurs amis sont vite déconcertés face à leur projet de tout quitter pour vivre à Paris. En privé, tous s’en offusquent alors que la plupart rêvent secrètement de leur ressembler. Seul le fils des Givings, ancien génie des mathématiques dépressif “soigné” par électrochocs, fait voler en éclat toute cette hypocrisie en rappelant à chacun sa vraie nature.

Sam Mendes réalise ici une subtile analyse du couple. Objective et pudique sa caméra filme ces deux protagonistes sans excès de style. On est loin du mélodrame larmoyant où chaque émotion est appuyée. Au contraire, la sobriété de la mise en scène révèle avec un tel réalisme la complexité des rapports humains qu’une fois sorti de la salle, il vous faudra un peu de temps pour passer à autre chose.

Enfin, on ne peut évoquer ce film sans souligner l’exceptionnelle performance de ses deux acteurs principaux. Même si aux premiers abords le physique d’éternel adolescent de Leonardo DiCaprio peut sembler peu crédible pour interpréter cet homme mur, père de famille, on se laisse vite séduire par son jeu impeccable. Kate Winslet, quant à elle, est tout simplement sublime. A l’image du film, elle incarne avec une justesse de ton édifiante toutes les nuances de son personnage. Un rôle qui devrait en toute logique lui rapporter son premier Oscar.

Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur

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