LES MAUDITES

Fantôme, fais-moi peur !

Andréa est une étudiante de fac qui se retrouve harcelée par… quelque chose. Ni elle ni personne d’autre ne voit la chose qui la suit où qu’elle aille. Elle remarque alors que son histoire ressemble étrangement à une autre, 20 ans plus tôt. Ses recherches vont la mener vers une vérité bien plus dérangeante que ce qu’elle pensait…

A la présentation de son premier long métrage sur la scène de l’Espace Lac au Festival de Gérardmer, le jeune cinéaste Pedro Martín-Calero a exprimé son désir de cinéma concrétisé, citant des influences comme "Lost Highway" du regretté David Lynch (1992) et il nous tarde alors de découvrir ce premier essai. Nous suivons alors Andréa, une jeune fille à la fac qui est harcelée par une entité invisible à l'œil nu. Autant le pitch peut faire penser au magnifique "It Follow" de David Robert Mitchell autant la comparaison s’arrête là tant le film du cinéaste argentin emprunte une voix proche du film aérien où tous les plans sont étirés, composés afin de créer une atmosphère lugubre voire morbide, ceci tout le long du métrage, de jour comme de nuit.

Il est clair que l’intention de Pedro Martín-Calero est plus de raconter cette histoire générationnelle de femmes persécutées que d’aller vraiment sur le chemin du film de fantôme balisé. Ceci même s' il s’évertue à respecter certains poncifs, mais nous y reviendrons. Sa structure narrative, en plusieurs parties concernant trois personnages différents, permet au film de trouver un découpage intéressant, avec cependant un côté un peu répétitif. La séquence d’introduction donne pourtant un ton et une ambition dans la volonté de construire des séquences intéressantes. Une boîte de nuit, un stroboscope jusqu’à la nausée et le sentiment que le chaos s’installe, le préambule du métrage est une très grosse réussite. On regrette de ne pas avoir eu d’autres scènes aussi marquantes visuellement bien que le metteur en scène tente ici et là des jeux de lumière, mais hélas déjà vus mille fois (le coup du briquet...). Il est sauvé par une sobriété qui n’appuie pas ses effets classiques. La musique notamment sait disparaître au profil d’un silence bien plus parlant et la mise en scène évite les tics tape à l'œil de certains premiers films qui auraient la prétention de se mesurer aux maîtres (au hasard, David Lynch).

On notera cependant à mi parcours une scène en particulier qui risque de vous donner un torticolis, mais qui donne finalement peu à se mettre sous la dent, le temps des déambulations de ses trois destins (dont une qui s’étire inutilement). Les actrices donnent du leur, chacune apportant une caractérisation différente et complexe à son personnage, mais le scénario pèche par manque de clé de compréhension sur l’ensemble. Sans vouloir rien dévoiler ici, le film se révèle être assez opaque concernant son fond. Une seconde vision s’impose alors peut-être... Imparfait mais happant par son ambiance, bancal mais donnant l’envie irrépressible d’y retourner, "Les Maudites" prouve qu’il est difficile parfois d’apprécier un film à sa première vision. D’autant que celui-ci paraît hermétique, bourré d’idées et en même temps tenu par les conventions d’un genre qui ne demande qu’à défaire ses liens.

Germain BrévotEnvoyer un message au rédacteur

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