LES ESPRITS LIBRES
Une belle expérience portée par un documentaire en demi-teinte
Pendant 15 jours, quelques résidents d’un EHPAD atteints de la maladie d’Alzheimer partent séjourner, avec les soignants, dans une belle demeure bretonne pour un essai thérapeutique qui mêle théâtre, improvisation et poésie…

Ils sont une petite dizaine à faire le voyage, loin de leurs chambres aseptisées. Malgré le dépaysement qui en déstabilise quelques-uns, la majorité des résidents s'acclimate rapidement à cette grande maison chaleureuse où il fait bon passer des vacances. Au programme, écrire des poèmes, danser et jouer des petites scènes d'improvisation sur leur quotidien ou des moments traumatisants, comme leur déménagement en EHPAD.
Pour se protéger de leur perte de repère aussi bien géographique que chronologique, les patients sont sans cesse contraints dans leurs déplacements par les soignants bienveillants. Ils les empêchent ainsi de s'égarer ou de mal faire les choses. La seule liberté qu'il leur reste est celle de l'esprit. Ainsi, chaque activité laisse libre cours à leur imagination, à leurs souvenirs bons ou mauvais et à leurs envies. « Je souhaite…» est le point de départ des petites phrases qu'ils sèment sur les vitres de la maison comme une connexion avec le monde extérieur qui leur est à présent si hostile.
Dernier volet d'une trilogie consacrée à l'accompagnement des patients atteints de la maladie d'Alzheimer, "Les esprits libres" aborde le quotidien des patients, les activités et les discussions des soignants. Néanmoins, bien que certains témoignages soient réellement poignants, la caméra survole l'essentiel sans réelle ligne de conduite. Le montage, plutôt décousu, est ponctué de quelques effets de styles esthétiques qui relèguent le résident au second plan. De même, les scènes de nuit apportent peu au sujet et manquent de pudeur envers les malades qui sont alors filmés en sous-vêtement ou en couche. Ces quelques défauts desservent cette belle expérience thérapeutique qui fut une belle bouffée d'air frais pour tous ces malades qui luttent quotidiennement pour rester eux-mêmes.
Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur