LES CADEAUX

Inégal mais avec quelques morceaux croustillants

Pour la famille de Jérôme, Charlotte et Julia, faire ou recevoir des cadeaux a toujours été compliqué. Charlotte s’est toujours sentie prise au piège, devant feindre la surprise ou la joie. Julia déteste le pull a épaulettes que lui a offert son compagnon, et refuse que celui-ci achète le dernier album d’Océane comme cadeau de Noël à leur fille. Jérôme, lui, apprécie moyennement la chanson qu’a composé sa nouvelle petite amie, Océane, pour sa tante rescapée d’Auschwitz quand elle avait 13 ans. Alors que le repas de Noël approche, leur mère Monique redoute que sa mère lui offre un nouveau pyjama, et leur père Pierre, hypocondriaque, décide d’acheter trois thermomètres électroniques pour ses enfants…

Avec une promotion réduite à quelques semaines et à trois teasers plutôt croustillants, appuyant sur le pathétique de certains personnages (l’aspect hypocondriaque du père à la pharmacie, victime de sa propre surconsommation, ou la misère sexuelle de l’une des filles, à laquelle on offre des godes pour son anniversaire…), et sur la gêne pour les pièces rapportées (les sœurs qui médisent sur la chanteuse à la mode, alors que celle-ci est l’invitée de leur frère…), "Les Cadeaux" laissait entrevoir quelques fous rires autant que quelques scènes grinçantes. Avec pour base line « plaisir d’offrir, malaise de recevoir », le film colle finalement parfaitement à son adage, offrant un flot de bons gags, au milieu d’autres, plus embarrassants. L’insistance notamment sur la déportation de la tante, met en effet quelque peu mal à l’aise, les auteurs n’ayant pas su réellement doser pour rendre les plaisanteries autour du Journal d’Anne Frank ou du côté sans filtre et ignare de la chanteuse-princesse Océane (elle a « un nom de salade »), digestes.

À trop revenir sur les mêmes gags - et pas forcément les plus légers -, le scénario perd ainsi en efficacité, et finit par devenir ponctuellement gênant. Si « tu n’avais pas le shoah » (cad « le choix ») pouvait faire sourire, tout comme des répliques comme « un arménien c’est un juif en beaucoup moins drôle », la chanson sur la déportation aurait pu sans doute être évoquée de manière moins frontale. Le film a ainsi du mal à trouver son équilibre, entre d’amusantes séances chez le psy (Jean Jacques Vanier) auxquelles tous les membres de la famille auront droit, une soirée surprise d’anniversaire qui tourne à l’humiliation cachée, un portrait peu flatteur de la grand-mère (qui pète) et la tante ou de la « princesse » chanteuse (Vanessa Guide)… Restent quelques interprètes investis, trouvant ici des rôles inattendus, à l’image de Camille Lellouche, en vieille fille dynamique en façade, vacharde avec son cadeau de strip-teaser (Tom Leeb), et Mélanie Doutey en mère qui doute d’elle-même et de son couple. On ressort autant gêné qu’amusé de ce bonbon trop sucré, dans lequel les réconciliations se sentent venir à des kilomètres, et les moqueries visent autant des personnages archétypaux que les cadeaux imaginés comme embarrassants qu’ils sont amenés à recevoir ou à imaginer comme plaisants.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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