LES AMANTS ASTRONAUTES

Marco Berger aime jouer. Avec ses personnages. Avec leurs sentiments. Depuis ses premières œuvres, il ausculte le jeu des tensions amoureuses, des attirances implicites, des troubles déstabilisants. Dans "Les Amants astronautes", Marco Berger récidive ! Il continue son exploration cinématographique sur le désir et questionne les frontières fragiles des errances amoureuses. L’écriture de ce nouveau long-métrage emprunte à ses précédents films, en mélangeant l’excellent "Plan B" et le paresseux "Hawaii". Maxi l’hétéro demande à Pedro le gay de devenir son petit-ami pour rendre jalouse son ex-copine. S’ensuit un jeu de rôles où les règles sont continuellement brouillées jusqu’à la toute fin du métrage.

Voici un film sur la fluidité des orientations amoureuses. Pour Marco Berger, nous sommes tous fluides, c’est-à-dire non assignés en quelque sorte à une orientation sexuelle ou amoureuse, il n’y a pas d’hétéros à 100 % dans ses films, que des queers qui s’ignorent ! Ses longs-métrages sont littéralement faits pour les jeunes « en questionnement » cette nouvelle catégorie qui vient s’ajouter au LGBTQQIP2SAA ! Un deuxième Q pour « Questionning » cette frange de personnes qui ne se situent pas encore bien sur l’échelle de l’amour ! Car c’est là le centre de son film : comment un hétéro va doucement basculer vers ce qu’il ressent au plus profond de lui-même.

Et c’est sous forme de comédie romantique que Marco Berger va traiter son histoire. Il adoptera une construction assez classique. Son film débute, en effet, par la rencontre de deux amis d’enfance, continue par le lancement d’un élément perturbateur qui les amènera à se rapprocher et à jouer un jeu dangereux déclenchant toute une série de situations humoristiques qui troublera la relation des deux hommes. Il atteindra son point culminant de tension homo-érotique avant son dénouement final. On pourra reprocher au film de se répéter dans l’humour, le film étant à de trop nombreuses reprises bavard et inutilement verbeux, alors qu’il excellera dans de nombreux moments de comédie comme ses mises en scène de jeux (le Time’s up ou le faux baiser).

Mais à force de jouer avec le feu, on finit par se brûler. Et la fin n’est clairement pas le point fort du film. Brouillonne et confuse, elle surprend et prend au dépourvu le spectateur. Il y avait certainement mieux à faire avec le dénouement. Alors que Marco Berger prend tout son temps pour développer l’évolution de la relation de ses deux protagonistes, il semble sacrifier par faute de temps ou par un montage maladroit l’issue de son métrage. Mais ne boudons pas notre plaisir devant "Les Amants astronautes", un film tout à la fois sensuel et déchirant. Marco Berger sait, comme personne, créer ces liens qui unissent de manière invisible deux personnes. Les deux comédiens, Lautaro Bettoni et Javier Oran, sont solaires et Marco Berger use de tout son talent pour faire monter le désir entre eux grâce à sa mise en scène où les corps se frôlent et les regards crient braguette ! Une mise en scène qui nous rappelle combien le désir a cette puissance belle et universelle de nous faire sentir vivants.