LEIBNIZ, CHRONICLE OF A LOST PAINTING
Réflexions entremêlées autour de la peinture et de la vie
1704, la Reine de Prusse obtient de son fils qu’il demande à Monsieur Delalandre de faire portrait de son cher ami philosophe Leibniz, qui lui a appris les joies de la pensée et la conseille sur les choses de la vie. La Reine s’occupe du décor autour du portrait, et celui-ci est rapidement prêt, à l’exception du visage. Le problème est que le peintre fait des demandes d’expressions contradictoires à son modèle…

Présenté en section Berlinale Special (hors compétition) du dernier Festival de Berlin, le film allemand "Leibniz, Chronique d’un tableau perdu", dispose d’un scénario qui s’intéresse autant à la peinture, aux mathématiques ou aux langues, qu’à diverses innovations ou inventions de l’époque (appels à dons, chaise pliable, sorte de machine à calculer...). Alignement de scènes ultra-dialoguées, entre le philosophe et la reine, le philosophe et l’assistant, le philosophe et les peintres successifs, ce film en costumes, à la reconstitution plutôt appliquée, souffre de cette accumulation de considérations et réflexions qui peine à dessiner une trajectoire globale.
On suit donc avec une curiosité oscillante la diversité des échanges sur la vérité dans la peinture, le regard de l’artiste, la soif de connaissance, la dialectique entre raison et imagination, le corps comme élément rendant l’âme visible, etc. Ceux-ci portés par des interprètes certes de qualité, mais empêtrés dans une mise en scène théâtrale, qui hormis les intérieurs, adopte une quasi unique vue des bassins dans le jardin du château de Lietzenburg… Edgar Selge incarne avec verve Leibniz, Lars Eidinger fait ce qu’il peut dans celui de Delalandre, tandis que Aenne Schwarz s’en sort plutôt bien dans celui de Van de Meer, capable de tenir tête à l’influent homme. Reste cette sensation d’une œuvre puzzle d’idées, qui ne s’intéresse finalement pas à ses diverses personnages, réduits à leur paroles et coincés dans des décors perçus comme tels, au détriment de tout élan de cinéma.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur