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LE SOLEIL SE LÈVERA

Un film de Ayat Najafi

Femmes, vie, liberté, et art

Téhéran, janvier 2023. Une troupe de théâtre défie la charia et répète la pièce Lysistrata, une comédie grecque, comme un défi aux répressions de l’État et un grand cri féministe et révolutionnaire. Du moins, jusqu’à ce que la réalité les rattrape lorsqu’une émeute les encercle et les force à rester une nuit entière dans le lieu de répétition…

"Le soleil se lèvera", ou comment mettre en parallèle ce qui se passe dans la rue et les répétitions d’une pièce de la Grèce antique, tout en se questionnant sur le sens que cela a encore, de faire de l’art quand dehors des gens, et en particulier des femmes, défient la loi et risquent leur vie. C’est le défi qu’a lancé à cette troupe d’anonymes (pour nous), le réalisateur Ayat Najafi, sans peut-être s’attendre à ce qu’il soit si grand à relever. Car si Lysistrata et la révolution en Iran ont quelque chose en commun, ce sont bien les femmes qui se sont soulevées contre l’ordre établi, mais l’une est une comédie et l’autre une tragédie bien réelle.

Pour préserver la sécurité de ses acteurs, Ayat Najafi les filme tout en corps et en morceaux épars pour nous livrer uniquement leurs voix et leurs chorégraphies. Leurs voix d’abord à l’unisson sur l’envie de faire vivre l’art en période de révolution, deviennent peu à peu dissonantes, quand la rue s’invite dans le lieu de répétition, et que les récits des tortures et humiliations deviennent trop violents pour rester confinés. Plusieurs fois on entend des protagonistes exprimer leur envie d’aller dans la rue, et plusieurs fois la metteuse en scène et le réalisateur doivent négocier pour leur rappeler que le projet de cette pièce est tout aussi important.

Ce documentaire prend parfois l'allure d’un film dans un film, avec des moments criants de vérité, comme celui pendant lequel les acteurs et le réalisateur discutent et se disputent même, pour savoir ce qui aura du sens une fois le tournage terminé si on ne voit pas les visages de ceux qui y ont participé, ou une dispute à la fin, où est reproché à Ayat Najafi sa posture, qui semble d’un coup trop légère face à la violence du dehors. Le format entre expérimental et témoignage rend parfois le message difficile d’accès, car on est ballotté entre ce que l’on voit et les témoignages terribles qui mettent en musique ces mises en scène. Si le message est primordial, il semble alors parfois dilué.

Océane CachatEnvoyer un message au rédacteur

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