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LE MARCHAND DE SABLE

Un film de Steve Achiepo

Vouloir aider

Djo, ancien taulard séparé de sa femme, vit avec sa fille, chez sa mère, dans un appartement déjà surpeuplé. Lorsque la cousine de son père débarque à la porte avec ses trois enfants, il promet de l’aider à trouver une solution. Révolté par leurs conditions de vie en foyer, il décide de les sortir de là, et demande l’aide d’un pote à lui, « le Colonel », de les aider. Celui-ci les loge alors dans une sorte de local, avec à peine l’électricité. Mais Djo découvre rapidement que sa tante a ramené d’autres gens, recréant de la promiscuité dans le local, et que son pote leur facture à chacun 200 euros par mois. Il demande alors à rencontrer le patron de son pote, mettant le doigt dans un engrenage qui va vite le dépasser…

Le marchand de sable film movie

"Le Marchand de Sable", premier long métrage de Steve Achiepo, qui se donne ici le rôle principal, est un film choc, traitant du mal logement et de l'exploitation des immigrés par les marchands de sommeil. Un sujet ici particulièrement documenté, permettant ainsi une pleine empathie de la part d’un spectateur forcément bousculé dans ses certitudes. L'introduction est savamment menée, donnant d'emblée de l’épaisseur à chacun des personnages principaux, de Djo lui-même, perturbé par le regard d'une petite fille albinos, voulant toujours bien faire, à son ex (Ophélie Bau, formidable), travailleuse sociale, soumise à des règles strictes donnant priorité à certains cas, en passant par cette tante (Aïssa Maïga), qui se fait ballotter de lieu en lieu, après son départ précipité d'Abidjan.

Les relations sont tendues, face à l’urgence que Djo décide de prendre sur ses épaules. Un simple regard de sa mère permet de comprendre le danger que représente son pote, « le colonel ». Une seule rencontre avec son boss (Magimel, parfaitement cynique derrière un vernis de bonnes manières), laisse pressentir la catastrophe à venir. Car implacablement, derrière chaque acte de bonne volonté, se trouve une trappe, que l’intelligent scénario ouvre, dévoilant les pires conditions de vie, l’hygiène déplorable, la misère la plus effrayante, mais aussi les comportements les plus vils qui soient. Véritable uppercut, ce film passé par les festivals d’Angoulême et de Sarlat, ne laisse pas indemne, marquant durablement le spectateur, et invite, malgré tous les obstacles détaillés ici, à s’insurger et à s’intéresser à ces voisins invisibles sur le dos desquels prospèrent les pires raclures.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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