LE JOUR J
Une comédie sur la guerre de 40, entre redites et surjeu
Synopsis du film
Durant la Seconde Guerre Mondiale, les alliés ont déployé des bases factices sur les côtes anglaises, afin de duper l’ennemi. Responsable de l’une d’entre elles depuis un certain temps, le Lieutenant Porte est finalement rejoint par Sami Zerkaoui, soldat d’origine algérienne, qui rêve d’être le premier à débarquer afin de pouvoir demander une faveur à De Gaulle en l’échange de sa bravoure. Mais lorsque début juin la mère de Porte, secrétaire du Général De Gaulle, lui demande de venir jouer les traducteurs lors d’une réunion au sommet, le Lieutenant apprend que le débarquement va avoir lieu le 5 juin au soir. Passablement alcoolisés lors d’une soirée dans un pub, les deux compères prennent alors le large, bien décidés à y participer. Mais hélas, le mauvais temps oblige à décaler le débarquement et ils arrivent en avance dans un petit village, bien seuls…
Critique du film LE JOUR J
Les comédies françaises sur la Seconde Guerre Mondiale ont été légions dans les années 60 à 80, du cultissime "La Grande Vadrouille", au très réussi "Papy fait de la résistance", en passant par la saga des "Bidasses" ("Les Bidasses en folie", "Les Bidasses au pensionnat", "Les Bidasses en vadrouille", etc.). Depuis, les résurgences restent seulement ponctuelles, et après le duo du Palmashow et leur sympathique "La Folle Histoire de Max et Léon", voici que c’est cette fois-ci la bande à Ken Adams qui s’y colle. Le tout est de plus mis en scène par Claude Zidi Jr, alors que le père avait d’ailleurs réalisé 2 volets des "Bidasses". Et malheureusement, le dosage entre éléments parodiques, purs gags de situation et humour lié aux dialogues, tourne vite à la débandade, tout en parvenant tout de même à nous arracher quelques sourires.
Du comique induit par l’exploitation des détails de la base factice (notamment les mannequins divers…) conjugués à la solitude développée par le Lieutenant Porte, on passe vite à des pitreries navrantes avec la visite de la mère ou l’arrivée de Sami. Heureusement, au milieu des situations tirées par les cheveux et des dialogues souvent creux, subsistent une discussion alcoolisée avec des anglaises à l’accent affirmé qui demandent aux deux gars si ils ont « une grosse but » dans la vie, d’amusantes (mais certes faciles) traductions littérales dans la réunion avec De Gaulle, Roosevelt et Churchill, et quelques jeux de mots avec « L’Abbé » (Jonathan Lambert) ou un surprenant « Aïe Hitler » quand un engin se coince entre les jambes d'un Allemand... Mais tout cela ressemble plus à quelques sketchs plus ou moins réussis, répartis au fil d’un scénario sans réelle surprise.
En effet, le suspense autour de l’arme secrète des Nazis est vite éventé et le surjeu est en permanence au rendez-vous, même si Brahim Bouhlel réussit quelques réparties irrésistibles (ses traductions soudaines en anglais…), si Chantale Ladessou séduit en vieille croqueuse d’hommes et si Didier Bourdon prend un réel plaisir à incarner un soldat nazi. Le reste donne dans la facilité critiquable (le baiser de la grosse dame pour récompenser les soldats qui débarquent, le montage des morts des ancêtres purement illustratif et sans intérêt..), et si Kev Adams attirera peut-être ses fans, on risque de retenir peu de choses de l’ensemble, si ce n’est un amusant parallèle entre les règles édictées par le Nazi en chef… et les règles de sortie à l’époque du Covid. C'est bien maigre.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

