LE CLAN DES BÊTES
Touche pas à mon mouton !
En Irlande, un conflit de voisinage entre des fermiers tourne au drame…

Un chemin de forêt. Une voiture. Une femme qui explique à son jeune fils qu’elle compte quitter son père. À l’arrière, la fiancée. Le garçon semble perturbé par cette révélation, accélère, toujours plus. L’accident était inévitable. La mère est tuée sur le coup. C’est ainsi que débute ''Le Clan des bêtes''. Et à l’image de cette séquence d’ouverture, la violence ne sera jamais loin de ce métrage âpre et rugueux, où la misère habille les paysages épurés de la campagne irlandaise.
Devenu adulte, Michael vit rongé par la culpabilité, s’occupant tant bien que mal du patriarche malade et du troupeau de moutons de la ferme. Lorsque ceux-ci sont attaqués, le conflit va rapidement prendre une tournure dramatique, réveillant de vieux démons et d’anciennes rancœurs. Entre ''As Bestas'' et ''Les Banshees d'Inisherin'', le premier film de Christopher Andrews est un thriller social sans artifice, où l’on ne cherche pas à esthétiser la brutalité. Pas question d’ériger ces castagneurs du dimanche en un modèle de coolitude. Non, dans ces contrées froides et arides, pas de Jason Statham en bottes, mais des êtres meurtris, épuisés par leur condition, dans un milieu l’on frappe avant de penser parce que c’est comme ça qu’un homme doit se comporter.
Au-delà de l’intrigue de vengeance, la caméra du cinéaste s’attaque frontalement à différentes thématiques, des sévices domestiques au patriarcat. Sans jamais juger ses personnages, le film, par une habile construction narrative, joue avec nos idées préconçues et nous force à interroger notre regard sur la situation au fur et mesure qu’on pénètre la psyché des protagonistes. Si quelques longueurs, en particulier dans sa résolution, viennent polluer inutilement le récit, ce premier passage derrière un objectif est plus que réussi. Avec une parfaite maîtrise de sa tension, des acteurs au rendez-vous (les toujours excellents Barry Keoghan et Christopher Abbott - ''Wolf Man'' ne compte pas) et une rudesse aussi bien scénaristique que visuelle, ''Le Clan des bêtes'' remplit aisément son cahier des charges.
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur