LE CINQUIÈME PLAN DE LA JETÉE
Aux confins de la cinéphilie et des fantômes du passé
Synopsis du film
Un homme est persuadé de se reconnaître dans un plan du film « La Jetée » de Chris Marker. La bonne nouvelle pour lui, c’est que sa cousine est réalisatrice, et qu’elle compte bien mener l’enquête pour vérifier l’information…
Critique du film LE CINQUIÈME PLAN DE LA JETÉE
Qui n’a jamais rêvé d’apparaître dans un film par hasard ? C’est précisément ce qui arrive à Jean-Henri, persuadé d’être le petit garçon qu’on aperçoit fugacement dans le cinquième plan du film "La Jetée". Objet cinéphile devenu culte, le court-métrage de Chris Marker a traversé les époques, fascinant encore aujourd’hui. D’ailleurs, c’est dans le cadre d’une rétrospective à la Cinémathèque que le protagoniste a découvert l’œuvre. Assis confortablement dans un des fauteuils rouges de la rue de Bercy, il voit ébahi sur le grand écran un instantané de la terrasse d’Orly. Trois silhouettes. Deux adultes, un enfant. Aucun doute, c’est lui ce gamin, entouré de ses parents et immortalisés par la pellicule du réalisateur.
L’histoire pourrait s’arrêter là, telle une belle anecdote qu’on raconte en soirée, qui amusera les amoureux du 7ème Art. Oui, mais non. Car la cousine de ce Jean-Henri n’est autre que Dominique Cabrera, documentariste et metteuse en scène, et surtout proche de Chris Marker. Débute alors une enquête aussi bien intime que cinéphile, où les individus et les images se relient, se croisent, se découvrent au gré des intuitions et des aléas de l’existence. De ce résultat singulier, la réalisatrice en dégage une déclaration d’amour au cinéma, au pouvoir de la caméra pour sublimer les émotions et figer le temps.
Invitant les souvenirs et les tourments des rapatriés d’Algérie, "Le Cinquième plan de la jetée" est une expérience envoûtante, où l’ombre de Chris Marker n’est jamais loin. Ses aficionados adoreront le cheminement ultra-documenté à la rencontre de ses collaborateurs de l’époque. Les plus sensibles se retrouveront pleinement dans cette chronique familiale où les mots et les maux s’incarnent visuellement. Tous seront happés par un voyage rare, pleinement maîtrisé et jamais prétentieux, où l’on se sert d’un objectif photographique pour combler l’amnésie. Ici, le cinéma guérit autant qu’il informe. En découle une mise en abîme, dans laquelle il faut absolument plonger.
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

