LE BONHEUR EST UNE BÊTE SAUVAGE

On accueillait au départ l'étrangeté et le ton décalé de "Le Bonheur est une bête sauvage", second long métrage de Bertrand Guerry ("Mes Frères", 2018), avec une certaine curiosité, découvrant une sorte de microcosme partageant un même lieu (l'île d'Yeu) et ses paysages sauvages, dont chacun des membres tente à sa manière de (re)rouver un contact avec la vie. Malheureusement l'ensemble, qui cherche en permanence un équilibre entre drame et comédie burlesque, avec notamment le personnage du barman chanteur aux tenues extravagantes et l'esquisse bancale d'histoire d'amour entre le grand père et une touriste allemande, s'avère rapidement indigeste.

Il faut dire que l'interprétation est par moments plus qu'approximative, que ce soit de la part du personnage principal lui-même, ou lors de scènes clés, comme l'engueulade entre le grand père et Jeanne, en bord de falaises. Ensuite certaines idées, loufoques au départ, finissent par devenir limite embarrassantes, comme le refus de Jeanne de déposer le panneau de sortie du village, qu'elle trimbale avec elle, ou les aspects extravertis du barman, toujours prêt à pousser la chansonnette, même en dehors d’une scène de blind-test résolument trop longue. Restent quelques passages oniriques, dans une nuit teintée de filtres bleus, avec le fameux ours que certains ont aperçus sur l'île, mais dont malheureusement le spectateur sait dès le départ qui a revêtu cette peau.