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LE BEAU RÔLE

Un film de Victor Rodenbach

Quand les vies et les amours divergent

Nora, metteuse en scène de théâtre, vit avec l’un de ses comédiens, Henri, un amour fusionnel. Après avoir passé une audition pour un film, où il donnera la réplique à la coqueluche du moment, François, celui-ci décide de s’engager dans le tournage à Paris tout en poursuivant les répétitions du spectacle à Reims. Mais après quelques jours d’allers-retours tendus, la fatigue commence à s’installer…

Premier long métrage de Victor Rodenbach, "Le Beau Rôle" est une comédie douce amère portée par deux interprètes formidables. William Lebghil prouve à nouveau ici, après son prix à l’Alpe d’Huez pour "Les Complices", qu’il n'a pas d’égal pour incarner la gentillesse et la franchise de personnages encaissant les coups du sort, et pour rendre crédible une partie d’un couple aussi complice que dissonant, dans l’élan comme l’éloignement. Face à lui, Vimala Pons s’en donne à cœur joie en metteuse en scène hyper-sensible, se sentant trahie au moindre écart, mais pressentant bel et bien la cassure à venir. Intelligemment, ce récit qui sent les morceaux de vécu, détaille le portrait de deux artistes aux envies soudains divergentes, qui croient tout pouvoir contrôler de leur vie afin de poursuivre leur histoire autant que satisfaire l’autre. Mais le temps, la charge et la forme physique jouent contre le personnage masculin (le passage où il doit tourner une scène de poursuite sur les quais de Seine est très amusant...), comme les exigences des techniciens, l’absence de son complice, et la peur d’une certaine autonomie taraudent le personnage féminin.

Grâce à ces deux personnages attachants, mis face à un acteur en vogue qui représente finalement ce qu’ils refusent dans le métier, et à un comique de répétition vraiment bienvenu autour du décor de la pièce et de la matière qui sert à le sublimer, Victor Rodenbach (scénariste sur la série "Platane" et le film "Perdrix") nous concocte une comédie dramatique savamment rythmée, où l’émotion alterne avec le rire. Il fait au final le portrait de deux personnes bienveillantes prises dans des élans contraires, alors que leurs regards complices leur permettent de communiquer sans parler (une belle idée de mise en lien à distance), et que la pièce qui les sépare leur rappelle finalement que « plus il exige d’effort, plus l’amour est beau ».

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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