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LE BAL DES 41

Un film de David Pablos

Un film battu par son propre sujet

À la fin du XIXe siècle, Ignacio de la Torre épouse la fille du président du Mexique. Mais en réalité, Ignacio mène une double vie : tandis qu’il grimpe les échelons dans le monde traditionnel de la politique au point de devenir député, il appartient en même temps à une société clandestine qui organise des bals costumés et des orgies homosexuelles. Un secret qui sera mis à jour lorsque la police débarquera dans l’une de ces soirées, également connue sous le nom de « Bal des 41 »…

Le Bal des 41 film movie

Sortie le 12 mai 2021 sur Netflix

L’histoire vraie à l’origine du "Bal des 41" est incroyablement forte : le fameux scandale du « bal des quarante et un <i>maricones</i> » qui vit l’arrestation par la police de 41 hommes, tous issus des classes les plus aisées de la société mexicaine, et pris en flagrant délit de travestissement et d’orgie lors d’un bal d’hommes clandestin dans la nuit du 18 novembre 1901. Une affaire qui ne put être véritablement étouffée par le régime de Portirio Diaz en raison d’une presse mexicaine aux aguets de la moindre rumeur, et qui contraignit ensuite les accusés à s’enrôler de force dans l’armée pour motif d’« attaque à la morale et aux bonnes mœurs ». De ce fait divers édifiant qui marqua l’Histoire politique du Mexique (à tel point que le numéro 41 devint même un nombre tabou !) et qui aurait de quoi traduire l’acte de résistance envers une autocratie qui n’en finissait pas de criminaliser l’homosexualité, David Pablos ne tire hélas qu’un film on ne peut plus illustratif, aux mouvements de caméra adéquats et à la scénographie sans bout de gras. On déniche vite un motif au problème : nous voici face à un film qui n’arrive jamais à se placer au niveau de son sujet.

Visuellement, il n’y a rien à dire : photographie soignée, costumes superbes, production design à toute épreuve, caméra qui alterne les gros plans et les travellings avec un réel souci d’équilibre. Le hic, c’est que cette retranscription de l’époque, avant tout caractérisée par des jeux sentimentaux en vase clos, ne dépasse pas le cadre de la vitrine. Une vitrine que Pablos se contente de refléter au lieu de transcender, loin de la lenteur contemplative de "Barry Lyndon" (où Kubrick usait surtout de zooms pour épouser le rythme d’une époque) ou de la démesure baroque de "Marie-Antoinette" (où Sofia Coppola filmait avant tout une poupée de porcelaine qui se lézardait peu à peu dans son cocon opulent). Cette absence de point de vue de mise en scène finit même par déteindre sur les personnages, dont le manque de profondeur est en l’état difficile à esquiver au vu d’un sujet aussi brûlant et gorgé de revendications potentielles. Au final, il y a comme un sacré goût d’inachevé qui se dégage à la fin de ce bal perdu.

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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