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LARGO WINCH

Un film de Jérôme Salle

D’aventures en aventures

Fils d’un milliardaire et magnat de la finance, Largo la tête brûlée, homme atypique épris de liberté, se voit brutalement contraint de faire face à un destin avec lequel il n’avait que peu d’affinités. À la mort de son père adoptif, il hérite malgré lui d’une fortune colossale, laquelle s’accompagne forcément de quelques désagréments. Actions, rebondissements, fuites, découvertes, Largo se plonge avec jubilation et désarroi mêlés dans les affres de la richesse et du pouvoir…

Fort judicieusement, le réalisateur Jérôme Salle et son co-scénariste Julien Rappeneau n’ont pas parié sur une adaptation à la lettre de la célèbre bande dessiné de Jean Van Hamme et Philippe Francq. Ils ont choisi de travailler sur l’essence du personnage principal qu’est le fougueux Largo, sur ce qui constitue ses forces, ses faiblesses, son énergie sans copier littéralement ni le décor ni les faits (ce qui explique que Van Hamme soit consultant sur le film et non scénariste à part entière). Si vous vous attendez à une adaptation fidèle et délicate de la bande dessinée, si vous êtes un puriste (ce qui n’est pas péjoratif, attention !) sans doute ce film vous heurtera-il quelque peu.

Tout d’abord exit New York et tout l’imaginaire désormais désuet qui s’y rattache pour faire place à HongKong la démesurée, la nouvelle ville tentaculaire du 21ème siècle par excellence. La transposition de l’histoire dans cette mégalopole galopante est de bon augure. Le décor dynamise et modernise l’action ce qui permet de propulser l’histoire efficacement. On regrettera par contre les raccourcis scénaristiques et les solutions un peu « brutes de décoffrage » apportées par l’adaptation cinématographique. Il faut, certes, que l’histoire avance, et nous n’avons ici qu’un unique film, alors que les bd s’étalent sur de nombreux tomes. Il faut, certes, qu’en deux petites heures les choses soient ficelées, que l’intrigue se tienne sans forcément appeler une suite. Et ce n’est pas un exercice facile.

D’ailleurs Jérôme Salle s’en sort plutôt bien avec des enchaînements fluides, une sorte de gros œuvre qui marche si on en accepte le principe. Cependant la bande dessinée demeure plus subtile, plus imbriquée. Les jeux de pouvoir sont plus âpres et ténus (dans le film ce sont les femmes qui font avancer l’intrigue, avec tout ce que nous leur connaissons comme atouts, délires, désirs…) alors que la BD surfe sur des sentiments et des agissements plus fouillés et profonds. Mais qu’à cela ne tienne ! Voyons Largo Winch comme le veut son réalisateur, c’est-à-dire comme un film d’aventures, un grand bol de vitesse, complots, sentiments discordants, missions improbables, ennemis cachés, ennemis jurés, amours trompeurs.

On pourrait croire que ce genre de film est exclusivement une spécialité d'outre-atlantique, on pourrait craindre que les effets soient cheap, franchouillards, mous... Mais non, on est emporté par l’aplomb des personnages. Il y a ici de bons acteurs, aux univers et horizons variés (je pense surtout à Miki Manojlovic , qui joue Nerio Winch, et qui jouait dans « Chat Noir Chat Blanc », mais aussi à Gilbert Melki, qui porte très bien la balafre). Quant à Tomer Sisley, si on pouvait se dire qu'il allait « profiter de sa belle gueule et faire piètrement le pitre », ce temps là semble être révolu, pour notre plus grand plaisir.

Theodora OliviEnvoyer un message au rédacteur

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