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THE LADY IN THE VAN

Un film de Nicholas Hytner

Une histoire anecdotique confusément délayée en long métrage

Des freins qui crissent. Un choc violent qui retentit. Un van file à vive allure sur une petite route de campagne poursuivit par une voiture de police. À son bord, une femme d’âge mûre s’agrippe à son volant, paniquée par la grande tache de sang qui recouvre son pare-brise…

L’histoire de Mary, alias Margareth, est inspirée d’une histoire vécue par le dramaturge Alan Bennett, scénariste du film et auteur de la pièce éponyme. Cette vieille dame, sans domicile fixe, a vécu pendant quinze ans dans un van, garé devant la maison de l’écrivain. Leur relation, d’abord conflictuelle, a finalement révélé une tendre amitié. Bornée et bigote, Mary impose son sale caractère au voisinage, déstabilisant tout interlocuteur par une répartie aiguisée. Peu loquace sur son passé, la vieille dame semble néanmoins entretenir quelques attaches. Régulièrement elle disparaît pour se rendre dans une petite maison en bord de mer et certains soirs, un étrange visiteur frappe à sa vitre pour lui réclamer de l’argent.

Ce personnage, bien qu’antipathique, séduit par ce délicieux cynisme so british dont Maggie Smith a le secret. Bien loin des fastes de « Downton Abbey » ou de la rigueur de Poudlard, la grande actrice britannique par deux fois oscarisée, compose à présent une vieille harpie en guenilles déféquant dans les poubelles. Malheureusement, cette étonnante prestation aussi remarquable soit-elle, va vite se révéler être l’unique intérêt de ce film confus et sans relief. En effet, pour laisser libre cours au talent de son interprète, le film s’égare dans une succession de scènes anecdotiques réduisant l’intrigue du passé ténébreux de son héroïne à quelques flashbacks furtifs, prétextes à un épilogue qu’on aurait espéré plus sensationnel.

Pour tenter de justifier cette histoire somme toute assez anecdotique, l’auteur entreprend un discours introspectif où il se met en scène accompagné d’un clone virtuel. Allégorie de la solitude de l‘écrivain qui se parle à lui-même, ce duo se partage les tâches : l’un observe, l’autre écrit. L’arrivée de Mary va venir bouleverser cet équilibre mortifère, en insufflant un sentiment de liberté à Alan Bennett. Elle lui permet surtout de s’occuper de sa mère par procuration, une mère avec qui il ne désire pas communiquer alors que cette dernière ne demande que ça. Cette auto analyse, toute aussi confuse que l’histoire principale, classe définitivement le film dans un registre brouillon et insipide. « The Lady in the van » a beau tout repeindre en jaune d’or, son histoire restera désespérément terne.

Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur

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