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LA VIE, EN GROS

Un film de Kristina Dufková

Un film en stop motion, pédagogique, généreux et drôle

Benjamin est un adolescent qui aime faire du rap et la cuisine. À la rentrée, il remarque que les filles commencent à se faire belles, dont Claire, qui s’intéresse à lui, mais il est harcelé par trois garçons à cause de son poids. Cela va non seulement lui affecter le moral, mais aussi l’entraîner à manger de plus en plus…

"La vie, en gros", film d’animation tchèque tourné en stop-motion, découvert l’an dernier au Festival d’Annecy, où il a remporté un fort mérité prix du meilleur film dans la compétition Contrechamps, est l’histoire tendre et cruelle d’un adolescent harcelé pour son surpoids. Doté d’un réjouissant second degré, le scénario se focalise donc sur Benjamin, grosses lunettes vertes sur le nez et pull en écharpe autour du cou, 90 kilos pour 1 mètre 65, qui éprouve de la compassion pour sa mère désormais seule (son père apparaît en conversation vidéo avec sa nouvelle compagne), et essaye de monter un groupe de musique. Centré sur le ressenti du personnage, le récit se focalise d’abord sur ses habitudes (faire la cuisine en regardant une émission télé intitulée « Combat de Cake », jouer avec le singe de sa mère vétérinaire Punky...) et ses petites difficultés à l’école (cours d’EPS où il est représenté avec de toutes petites jambes, surnom attribué par les autres, piscine où il reste dans l’eau, complexé...). Ceci avant que le harcèlement ne vienne tout dérégler, de son sommeil à sa manière de se nourrir.

Avec différentes scènes accompagnées de chansons dynamiques, "La vie, en gros" ne verse jamais dans le mélodrame, préférant donner une capacité au personnage à plaisanter, malgré les idées noires (représentées intelligemment en dessin 2D), ou sa vision comme enserré dans son propre corps (accompagnée de bruits comme des grincements de pneus). Abordant un temps la tentation du sport à outrance, du régime, voire de l’acupuncture (une des scènes les plus amusantes du film), le métrage revient sur des enjeux plus liés au passage à l'âge adulte avec les premières attirances et échecs (toujours portés par la nourriture), mais aussi la nécessité d’assumer son corps. La stop Motion est parfaitement maîtrisée, des plans zénithaux du début ou de la fin, aux moindres détails du décor, et l’on pourra retenir non seulement la belle chanson d’encouragement à “croquer la vie” ("Living Large"), comme celle intitulée "Beurre / Sucre / Huile". Une belle réussite à savourer en famille pour les vacances de février.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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