LA VIE APRÈS SIHAM
Un émouvant film de famille et d’amour
Synopsis du film
La mère de Namir, Siham, qui a participé à ses différents documentaires sur sa famille, avait un rêve : celui de tourner dans sa première fiction, à la manière d’un vieux film d’amour égyptien. Au moment de la disparition de celle-ci, Namir, qui a désormais lui-même deux enfants, reprend son enquête sur l’histoire de sa famille, son père ne s’étant jamais vraiment livré sur sa période de galère qui a suivi sa sortie de prison, avant qu’il ne rencontre Siham, puis les un an et demi où il l’a laissée en Égypte, avant de revenir de France pour l’épouser…

Critique du film LA VIE APRÈS SIHAM
Le réalisateur Namir Abdel Messeeh ne semble jamais quitter sa caméra, sauf quand il demande à un ami de filmer les funérailles de sa mère, ou qu’il se met lui-même en scène, lors par exemple des lectures de correspondances entre ses parents ou entre ses parents et lui. Allant jusqu’à provoquer la colère de son fils, excédé d’être filmé à tout instant, quand il n’est pas questionné sur son ressenti, il s’intéresse profondément à ses proches, au point de vouloir les garder auprès de lui en les gravant sur pellicule, mais aussi d’utiliser les images pour à la fois servir de médiation dans ses interrogations et pour figurer ce film dans laquelle sa mère ne tournera jamais.
Et pourtant à la découverte de l’histoire de ce couple, au parcours digne d’une histoire d’espionnage ou d’un film politique (l’emprisonnement du père, considéré comme opposant politique, l’impossible renouement avec sa famille, l’exil en France…), mais aussi d’un grand drame romantique comme savait en tourner Youssef Chahine ("Le Destin", "Le Sixième jour") avec les dessous de leur union, c’est une réelle émotion qui finit par pointer son nez. Pour reconstituer ce qu’il apprend au fur et à mesure, l’auteur crée des montages d’anciens films, met en parallèle des images de ses anciens documentaires avec celui qu’il tourne (le message du père à sa femme décédée, celui de la mère à la grand mère, les voyages chez la tante…).
Avec un regard bien à lui, permettant l’apparition de pointes d’humour bienvenues, il évoque ses propres fantasmes d’enfant (lui aussi a été emmené en Égypte, « comme Jésus »…) vite ramenés à la réalité par un mot de son cousin, et la religion chrétienne en pays musulman (le comportement de la tante voulant baptiser en douce ses enfants, l’envahissement soudain de l’espace sonore par l’appel à la prière issu du nouveau minerai du village…). Au fil de "La Vie après Siham", c’est une histoire de famille exilée qui se dessine, autant qu’une histoire d’amour entre ses parents, mais aussi, exprimée plus pudiquement, entre un père et son fils.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur