LA VAGUE

Un film de Sebastián Lelio

Une comédie musicale pour libérer la parole

Synopsis du film

Julia Espinoza est une étudiante chilienne ordinaire. Comme beaucoup de ses camarades elle a eu subir des abus sexuels au sein de l’université, de la part d’étudiants ou de professeurs. Lorsque les étudiantes s’unissent pour occuper l’université, elle se joint au mouvement, dont elle devient malgré elle la figure de proue…

Critique du film LA VAGUE

Difficile de ne pas penser à "Emilia Perez" en découvrant "La vague", présenté dans la section Cannes Premières. Tous deux ont en commun d'être des comédies musicales ouvertement féministes, traitant des violences faites aux femmes et se déroulant en Amérique latine. Mais entre le Mexique dépeint par Jacques Audiard et la mère patrie chilienne de Sebastián Lelio il y'a tout de même plusieurs milliers de kilomètres. Comme un symbole démontrant qu'il vaut mieux éviter les comparaisons hasardeuses, sous prétexte d’un timing qui ne serait pas très favorable. Non pas que "La vague" ferait pâle figure face à un des grands succès de l'année passée. Il a indéniablement des arguments à faire valoir. A commencer par le génie de son metteur en scène qui sait tirer parti de chaque plan et de chaque chorégraphie. En la matière, le cinéaste chilien fait preuve d'une inventivité réellement remarquable.

Qui d’autre que Sebastián Lelio aurait pu s’emparer de ce sujet (inspiré d’évènements réels ayant eu lieu au Chili en 2018), lui qui a acquis ses lettres de noblesse grâce à ses portraits de femmes qui bousculent les codes. On pense notamment à "Gloria" qui a valu à son actrice principale un ours d’argent à Berlin, et "Une femme fantastique" récompensé d’un oscar du meilleur film étranger. Il dresse cette fois ci le portrait d’une jeune femme qui cherche sa voix, littéralement et métaphoriquement. Cette étudiante en chant doit apprendre aussi bien à libérer sa parole qu’à élargir son timbre vocal.

C'est justement du côté de la composition musicale qu'on trouvera un bémol à ce film chanté, ou plutôt braillé. La bande son est ultra dominée par des percussions assourdissantes sur lesquelles vient se poser le chœur composé de 150 jeunes femmes en furie qui nous hurlent leur colère aux oreilles. Et soudainement, deux heures paraissent beaucoup plus longues. "La vague" laisse donc l'impression mitigée d'un film virtuose et bruyant. Mais par son sujet dans l'air du temps et par la radicalité de son format, il ne fait aucun doute qu'il séduira le public français, comme il a déjà séduit une partie de la Croisette.

Benjamin BidoletEnvoyer un message au rédacteur

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