LA TRILOGIE D'OSLO : RÊVES

Un film de Dag Johan Haugerud

Une brillante réflexion sur le poids et l’importance des souvenirs

Synopsis du film

Johanne, 17 ans, troublée par une de ses professeures, va essayer de se rapprocher d’elle en lui demandant de lui apprendre à tricoter. Après un an où les deux femmes se fréquentent, où le mot « amour » lui a traversé l’esprit, elles se sont éloignées. Pour mieux garder le souvenir de cette relation, elle décide d’écrire sa vision des choses, et de les garder pour elle-même. Mais lorsqu’elle décide de montrer son manuscrit à sa grand-mère, elle va commencer être contrainte de s’interroger encore plus sur ses sentiments…

Critique du film LA TRILOGIE D'OSLO : RÊVES

C’est au Festival de Berlin 2024 qu’a débuté l’incroyable parcours de ce qui s’appelle désormais "La Trilogie d’Oslo", avec le premier film, "Sex", rebaptisé "Désir". S’en est suivi "Love" ("Amour") en compétition au Festival de Venise 2024, et "Dreams" ("Rêves") qui remporta cette année un fort mérité Ours d’or au Festival de Berlin 2025. Si les trois films sortiront chacun avec une semaine d’écart, dans l’ordre inverse de leur présentation en festival, c’est sans doute que "Rêves" est à la fois le meilleur des trois opus, mais aussi le plus accessible, non pas moins bavard que les autres, mais centré sur un personnage principal clairement identifié : la jeune Johanne, 17 ans, faisant face à ses premiers émois, et ce qu’elle considère comme sa première histoire d’amour.

Intelligemment, le fait de devoir confronter ses souvenirs, mis par écrit, avec la vision de sa grand-mère, puis de sa mère, va la mener à s’interroger sur la formation de ses sentiments, et la réalité de la réciproque, que l’on peut facilement s’imaginer à cet âge. Et le flot de dialogues, brillamment rythmés et interprétés, viendra presque de manière magique, former une personnalité d’adulte, un peu comme "Boyhood" de Richard Linklater avait su le faire avec la notion du temps. Ici ce sont celles de l’expression orale (la voix-off de cette jeune fille nous accompagne, créant des décalages avec ce qui se passe vraiment dans les souvenirs mis à l’image) et littéraire qui sont au centre du dispositif. Et au fil du métrage, c’est bien l’émotion qui l’emportera sur le rire, comme lorsque chacun de nous tente de conserver le souvenir, brûlant, d’une relation qui a compté, aussi courte ou à sens unique fut elle.

Le métrage est donc aussi bavard que les deux autres volets, mais le trio constitué par la fille, sa grand mère poète et sa mère, est au final assez irrésistible, allégeant par ses interactions, le poids d’une histoire pas si lumineuse. Chaque monologue ou dialogue de Johanne paraît d’une extrême justesse et tous ceux qui ont connu un premier amour pourront sans doute y reconnaître des éléments vécus ou ressentis (élan, illusions, soulagement, jalousie…). Dans une construction complexe (un grand bravo au monteur) mais qui s’avère en permanence limpide, celle-ci raconte son histoire en voix-off, ou plutôt en réalité celle du texte qu’elle a eu le besoin d’écrire pour conserver le souvenir le plus clair possible de ses sentiments. Le tout s'imbrique avec fluidité au travers de flash-backs sur son rapprochement avec sa professeure et l’évolution de leur supposée relation, entre fantasmes et moments volés. Et au final, avec autant de recul que de malice dans les interrogations posées, "Rêves" s’affiche comme une œuvre universelle, qui convoque un humour optimiste et qui parvient même à traiter avec légèreté des sujets de société sous le feu de l’actualité.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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