LA TOURNÉE

Un film de Florian Hessique

Une pseudo-comédie, entre amertume et potentiels règlements de comptes

Synopsis du film

Harcelé par Marius de Villeduc, acteur vieillissant qui n’a pas tourné depuis 3 ans et croule sous les dettes, son agent, Grégory Laurent, le met en relation avec Richard Favard, réalisateur-acteur qui prépare son sixième film. Pour ce tournage de « Dialogue avec mon voisin« , il touchera 60 000 euros, dont la moitié après avoir effectué la tournée promo. Un an plus tard, armés d’un distributeur peu impliqué, Marius et Richard, entament la série d’avant-premières, accompagnés de Colette, leur attachée de presse, et Lulu, le chauffeur de leur van. Mais après de premières déconvenues en termes de nombre de spectateurs, ils sont rejoints par Fanny, ancienne stagiaire de l’agent Grégory, ayant eu son premier rôle d’actrice dans le film, qui va les aider à mieux communiquer…

Critique du film LA TOURNÉE

Il y a avait à l'origine de ce long métrage une bonne idée, celle de retracer les potentielles galères d'une tournée promo d'un film à petit budget, surnommé « petit film » à mauvais titre, comme le souligne le personnage de Patrick Chesnais lors d'une des scènes aux dialogues les plus sincères du film. Si la démarche est louable et apparaît comme honnête, dénonçant nombre de dérives (distributeur souhaitant uniquement une sortie dite « technique » dans quelques salles afin de toucher l'aide à la distribution, difficultés à produire des films modestes sans subir des injonctions scénaristiques ou de casting multiples...), le scénario s'enlise malheureusement dans un catalogue de situations sans doute plus ou moins vécues, mais dont le trait exagéré et surtout les réactions désapprobatrices permanentes des personnages principaux, anéantissent systématiquement le potentiel comique. Pire, cette insistance à souligner par les dialogues le caractère déjà odieux de certains personnages (le directeur de salle obnubilé par l'argent et méprisant envers les exécutants, le comportement tout puissant de l'agent, les questions orientées d'un présentateur…) dessert globalement le naturel voulu du film, tout comme certains travers inutiles des personnes de l’attachée de presse ou du chauffeur.

Le film a malheureusement un véritable problème de rythme et de dialogues (facteurs clés en comédie), et l'on se dit régulièrement que certains personnages secondaires auraient pu être amusants (Thierry Lhermitte en directeur de salle paresseux et agressif, Martin Lamotte en distributeur aux paroles trop explicites, Jean-Christophe Bouvet au personnage de propriétaire de gîte rural amusant dans son premier contact, puis atterrant dans la scène à table…) s’ils n’étaient pas juste réduits à leurs défauts et donc en opposition systématique avec les efforts de la troupe. Seul Patrick Chesnais se tire de ce bourbier, dans ce rôle d'acteur désabusé, mais toujours désireux de s'impliquer ou de « s’emballer » pour un projet. Malheureusement la fausse ironie de l'ensemble agace et certains personnages ou situation s'avèrent à la limite de l'insultant, dans l'utilisation qui en est faite. Si en effet certains journalistes, peu déontologiques, acceptent des interviews sans avoir vu le film, lu le dossier de presse ou fait des recherches sur les personnes interrogées, la généralisation sur la presse de province est assez malheureuse. De même le personnage de l'attachée de presse (Hélène Bizot, qui ne démérite pas pour autant) est juste un cliché désastreux, absolument délétère pour qui connaît la masse de travail abattue par ces personnes et les montagnes qu’elles déplacent. Pire, en ne montrant que les aspects négatifs des personnes qui accueillent le film dans de petites salles ou petits villages, le scénario se prend les pieds dans le tapis, méprisant le travail des associations, bénévoles ou passionnés de ciné qui font vivre le tissu local, et annulant son propre message sur le fait qu'un film peut connaître un succès en embarquant justement ces publics-là. Ce n'était sans doute pas là l'intention, mais il ressort de cette comédie bien plus d'amertume que d’humour, faisant planer le doute sur la nature de certaines scènes comme étant potentiellement de simples règlements de comptes.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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