LA MORT N’EXISTE PAS

Vie rangée ou révolte, un choix en dégradés de couleurs

Synopsis du film

Un groupe de jeunes gens réuni en forêt se motive pour une action d’éclat. Ils brûlent leurs téléphones portables et se saisissent d’armes, fusils comme revolvers. Ensemble, ils se mettent à courir vers l’entrée d’une grande propriété et attaquent le couple de vieux riches descendant de leur véhicule, faisant face à leurs nombreux gardes du corps. Mais Hélène, restée en retrait à la lisière des bois, voyant que les choses tournent mal, s’enfuie. Traquée par les hommes de mains, elle est rejointe par Manon, qui lui reproche de ne pas être venue les aider…

Critique du film LA MORT N’EXISTE PAS

Découvert à la Quinzaine des Cinéastes, "La Mort n’existe pas" est le nouveau film d’animation de Félix Dufour-Laperriere, réalisateur québécois, déjà auteur de "Ville Neuve" et "Archipel", mention du jury dans la section Contrechamp du Festival d’Annecy 2021. On y découvre, au sein d’une sombre forêt, où ils allument une allumette pour mettre le feu à leurs téléphones portables, un groupe de cinq activités se fondant dans les teintes vertes du décors une fois le reflet du feu éteint dans leurs pupilles. Après un bain de sang, lors de l’attaque sur un couple de vieillards aussi riches que protégés, à l’entrée de leur propriété aux allures de petit château, c’est vers une histoire onirique que va nous entraîner l’auteur, avec celle qui n’a pas franchi le pas de la violence, Hélène, poursuivie par le fantôme de Manon, puis d’autres.

Interrogeant, dans un monde où les riches sont toujours plus riches, la dualité entre envie d’un grand bouleversement et tentation de protéger simplement ce qu’on a, inclinaison à l’action pour un avenir meilleur et imagination d’un futur possible et raisonnable, "La Mort n’existe pas" tutoie le philosophique avec une histoire de courage et de connexion, d’engagement et de réalisme, d’action et de laisser aller. Graphiquement, le film est tout simplement envoûtant, jouant dans chaque plan de trois couleurs dominantes et leurs dégradés, ainsiq que quelques traits ou éléments d’une quatrième. Les mariages de coloris créent à la fois l’étrangeté et l’harmonie, magnifiant cette forêt où le symbolique (des coyotes qui chassent une brebis) côtoie le fantastique (la carcasse de la brebis qui se reconstitue, accompagnée de craquements malaisants, les silhouettes qui s’estompent tels des fantômes…). Ici le sang est beige, puis devient rouge, marquant les alternances entre choix qui sous-tendent cette oeuvre à part, tendue et troublante.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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