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LA MÔME

Un film de Olivier Dahan

La vie en rose et noir

De son enfance à la gloire, de ses victoires à ses blessures, de Belleville à New York, l’exceptionnel parcours d’Edith Piaf, entre ombre et lumière…

Après une ouverture tétanisante nous montrant une Piaf malade s’effondrant de scène, le récit bifurque et nous entraîne dans la petite enfance de la célèbre chanteuse. Il en sera ainsi pendant près de 2h30, Olivier Dahan ayant construit un scénario à la structure éclatée qui ne cesse de passer d’une époque à l’autre. La plupart du temps, ces choix temporels qui ne répondent qu’à l’instinct du cinéaste se révèlent pertinents, et même si parfois l’audace narrative tend vers la confusion, le film y trouve une vivacité peu commune dans un biopic.

L’enfance et l’adolescence de Piaf, probablement les périodes de sa vie les plus inédites, plombent quelque peu le premier tiers du film. Entre le défilé de guest stars (Seigner, Rouve, Depardieu : on craint que la moitié du cinéma français n’apparaisse à l’écran !) et une atmosphère misérabiliste à la Zola, deux éléments irradient cependant déjà le long métrage : la mise en scène virtuose de Dahan et le jeu merveilleux de Marion Cotillard. Et la suite fait oublier avec force les quelques réserves émises plus tôt.

Dès que le récit s’attarde sur la Piaf chanteuse, le film prend une dimension incroyable. Tragédie humaine bigger than life, « La Môme » tient à la fois du portrait de femme, du mélo à l’ancienne flamboyant et du spectacle pur. A ce titre, trois séquences émeuvent aux larmes et délivrent une puissance émotionnelle inconnue dans le cinéma français depuis des lustres. D’abord le combat de boxe où Cerdan, grand amour de Piaf, devient champion du monde. C’est Rocky à la française, une fulgurance inattendue. Ensuite il y a cette scène sublimissime où Piaf apprend la mort du même Cerdan, un plan séquence aussi sidérant visuellement que déchirant émotionnellement, qui résume tout le film et en amplifie le contenu. Enfin, il y a le final, ce retour sur scène de la chanteuse à l’Olympia, dernière envolée d’un film merveilleux.

Car entre la puissance de la mise en scène, la perfection des maquillages et des décors ou la beauté de la photo de Tetsuo Nagata, « La Môme » est en tous points remarquables. Alors oui Sylvie Testud et Clotilde Courau sont irritantes, et l’on peut s’agacer de la désinvolture de Dahan dans l’édification de certaines scènes.

Mais que vous le vouliez ou non la prestation invraisemblable de Marion Cotillard va vous faire chialer.

Thomas BourgeoisEnvoyer un message au rédacteur

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