LA LUMIÈRE NE MEURT JAMAIS
Vivre en dehors des cases
Synopsis du film
Les parents de Pauli, musicien réputé, récupèrent celui-ci dans son appartement et l’emmènent chez eux pour quelques temps, dans sa ville d’origine, Rauma. Il faut dire que celui-ci est particulièrement déprimé et que lorsqu’il veut répéter pour son prochain concert, il en est incapable et fracasse même violemment sa flûte sur le pupitre et sur sa table. Ayant croisé une ancienne camarade de classe, Iiris, il assiste au concert de celle-ci dans un bar, et se laisse entraîner dans un soirée chez une certaine Anna, aussi déprimée que lui, qui propose à ses invités de brûler ses meubles…

Critique du film LA LUMIÈRE NE MEURT JAMAIS
Venu de Finlande, "La lumière ne meurt jamais" est un drame doux-amer, qui entraîne un joueur professionnel de flûte traversière déprimé, Pauli, dans le sillage d’une ancienne camarade de classe bien décidée à monter un groupe de musique alternative. Ceci si possible avec lui, et avec l’une des invitées d’Anna, dont les premiers mots envers Pauli seront : « sale fils de bourge ». Histoire d’amitié à l’humour décalé, autant centrée sur la musique hors normes concoctée par ce trio improbable, à base d’instruments improvisés (notamment un mixeur…), que sur la volonté de retrouver un élan de vie dans un monde aux multiples sources de stress, le film séduit par la complexité de ses personnages finement travaillés, l’interprétation sans faille du duo Samuel Kujala / Anna Rosaliina Kauno, et le caractère finalement un peu punk de la posture adoptée.
Autour du personnage de Pauli, c’est le sujet de la perfection apparente et de la compétitivité sans fin d’un milieu qui lui a été imposé enfant, qui est disséqué. Ses crises d’angoisses comme ses relents de conscience professionnelle perfectionniste sont des injonctions contradictoires qui consument le personnage peu à peu. En cela, l’arrivée soudaine de Iiris dans sa vie est à la fois une porte ouverte sur la liberté et un possible équilibre de vie, qui n’existait pas jusque-là, ou l'osait pas s'exprimer. Forcément bouleversant, cet homme qui n’a jamais vraiment eu d’amis, et que son corps rappelle au devoir d’existence en dehors de son travail et de la discipline, se pare de quelques fantaisies supplémentaires, entre un étrange chien bleu-électrique, et des passages plus pince sans rire, comme le concert dans une petite salle locale, assumé comme « une agression envers le public ». Un film particulièrement sensible et drôle, sur le poids des attentes des autres ou d'une profession et des barrières qu'on s'impose à soi-même. Une vraie découverte par une réalisatrice à suivre : Lauri-Matti Parppei.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur