LA FEMME LA PLUS RICHE DU MONDE

Un film de Thierry Klifa

Huppert et Lafitte duo virtuose dans une comédie finement dialoguée

Synopsis du film

Marianne Farrère est une femme d’affaire puissante et immensément riche, à la tête de Windler Paris, un groupe qui « lande les tendances ». Son agenda est chargé et elle se doit de soigner son image en donnant des interviews et se présentant comme une femme qui est compétente dans son travail. Lors d’une séance photo, on lui présente Pierre Alain Fantin, un écrivain photographe, gay, à la réputation sulfureuse. Rapidement, Marianne tombe sous le charme de ce beau parleur, aussi railleur que flatteur, et lui fait cadeau d’un million d’euros pour monter son catalogue d’exposition. Mais les dépenses inconsidérées ne s’arrêteront pas là, créant rapidement la suspicion du côté de son mari, de sa fille, et même du majordome…

Critique du film LA FEMME LA PLUS RICHE DU MONDE

"La Femme la plus riche du monde" est le nouveau long métrage de l’ancien critique Thierry Klifa, auquel on doit notamment le drame "Une Vie à t'attendre", avec le trio Patrick Bruel / Nathalie Baye / Géraldine Pailhas, la comédie romantique "Le Héros de la Famille" avec Gérard Lanvin, Catherine Deneuve et Emmanuelle Béart et la récente comédie policière "Les Rois de la piste" mettant en scène Fanny Ardant, en cheffe de gang, avec Mathieu Kassovitz, Laetitia Dosch et Nicolas Duvauchelle. Habitué des castings de haute tenue, c’est à lui qu’est revenue la tâche, avec ses compères Benoît Graffin et Jacques Fieschi, coscénaristes, d’adapter librement l'affaire Banier-Bettencourt, imaginant ainsi l’emprise progressive d'un photographe intéressé sur celle qui était à la tête d’un empire industriel. Une base permettant de développer une guerre de tranchées sous la forme ici d’une comédie acide, construite par flash-back à partir d’une scène de perquisition, certains personnages, comme le majordome, livrant les secrets qu’ils gardaient jusque-là.

Passé par le hors compétition du dernier Festival de Cannes, assurant ainsi une des plus belles marches de l’édition 2025, le film a pour tête d’affiche Isabelle Huppert, qui incarne avec aplomb et malice Marianne, femme d’affaires se découvrant une seconde jeunesse grâce à l’irruption dans sa vie d’un artiste photographe gay prénommé Pierre Alain, aussi provocateur que charmeur. Acceptant de financer son catalogue d’exposition avant de se laisser influencer plus avant, niveau décoration, investissements, et de lui faire contrat mirobolant comme dons, le personnage affirme sa liberté malgré son âge et ne s’en laisse pas compter par son entourage, soulignant régulièrement les frasques ou caprices des uns ou des autres (les caprices musicaux de sa fille, la période « Vichy » de son mari...). Face à elle, Laurent Lafitte incarne le photographe aux mille qualificatifs, parfois délivrés par lui-même (« voleur », « escroc », « mercenaire »...), dans un réjouissant mélange de flamboyante, de familiarités, de critiques crasses qui laissent transparaître son son plaisir de jouer.

Revenant de plus en plus ponctuellement sur les témoignages des uns et des autres (majordome, mari, fille, beau fils…), pas forcément très utiles en termes d’apports d’information, l’intrigue se concentre surtout sur l’incroyable engrenage d’excès qui caractérise la relation entre Marianne et Pierre Alain. Exploitant à fond le caractère provocateur et sans réelles limites du personnage interprété par Laurent Lafitte et le franc parler souvent mordant de Marianne, les dialogues sont un véritable délice et sont souvent porteurs de sous-textes concernant le mariage, l’argent ou le pouvoir. Les bons mots et éclairs de lucidités rendent leurs personnages profondément humains, aussi agaçants ou peu empathiques soient-ils par moments, et l’on suit cette histoire aux multiples rebondissement avec une certaine délectation.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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