L'INVASION

Un film de Sergei Loznitsa

Sous le témoignage indispensable, un documentaire trop long et répétitif

Synopsis du film

Une cérémonie d’enterrement de soldats, dont des civils tiennent les portraits, amène les gens présents à chanter. Sur la place Maïdan, à Kiev, alors qu’une sirène alerte de bombardements imminents, la population présente s’agenouille, entamant un chant collectif, déclamant « l’Ukraine avant tout »…

Critique du film L'INVASION

Découvert en 2024 à Cannes en séances spéciales, le nouveau documentaire du réalisateur Sergei Loznitsa ("Maïdan", "Donbass"…), revenu depuis sur la Croisette avec une fiction historique, "Deux Procureurs", qui sort prochainement, "L'Invasion" est un film fleuve, centré sur la résistance de son peuple, face à l’invasion russe. Ayant forcément valeur de témoignage, le film manque cependant de structure, amenant nombre de répétitions et s’avère sans doute trop long d’une bonne demi heure. Il sort de plus en salles, après de nombreux autres documentaires-témoignages, centrés sur le même sujet, les civils (voire le formidable et récent "Premières Classes"…), et ne dispose pas de l’originalité d’approche d’autres projets comme "Interceptés", basé sur des conversations de soldats ou familles russes et diffusé sur Arte TV.

Comme dans le récent "Songs of Slow Burning Earth" (Venise 2024), c’est la poursuite de la vie malgré tout, intégrant progressivement les signes de la guerre qui est mise en avant : le mariage d’un soldat en uniforme, des distributions d’eau ou de nourriture, des livraisons usuelles dans un café littéraire… Aux fêtes se juxtaposent des exercices de tir dans une carrière, aux baptêmes dans l’eau glacée succèdent des séances de rééducations… À la vie des jeunes s’opposent les souvenirs des plus anciens (« on se croirait en 42 »), l’entraide et la solidarité pointant régulièrement leur nez entre des moments plus solennels où le patriotisme s’exacerbe. Livrés dans le désordre, sans doute pour évoquer le chaos provoqué par la guerre, ces moments semblent répéter la même histoire. Mais au final, Loznitsa parvient surtout à marquer par quelques plans, au fil du dévoilement des destructions des corps et des lieux : la répétition de mouvements de pectoraux, comme pour montrer les muscles d’un pays, une école vide et éventrée, pour symboliser la perte d'avenir, un mur avec les photos des héros que des enfants regardent, pour donner l'échelle du massacre et le besoin de mémoire…

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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