L'HEUREUSE ÉLUE

Un film de Frank Bellocq

Un vrai festival Camille Lellouche

Benoît se retrouve ligoté par des malfrats dans des pompes funèbres où ceux-ci le menacent d’une incinération s’il ne rembourse pas 100 000 euros dans les 3 jours. Acculé, il appelle sa mère, qui vit à Marrakech, espérant lui soutirer de l’argent. À court d’idées il lui annonce son mariage avec une mannequin. Planté par la copine qui devait faire office de mariée, qui doit se rendre à un shooting à Londres, il appelle plusieurs copines, mais finit par se rabattre sur sa chauffeure de VTC, Fiona, moyennant une petite rémunération…

À condition de laisser de côté l'aspect totalement irréaliste du mariage improvisé en quelques jours, afin de soutirer de l'argent à des parents plus qu'aisés (Michèle Laroque et Gérard Darmon sont parfaitement crédibles dans cet élément), "L'Heureuse élue" devient rapidement une comédie sympathique. Rythmée par une Camille Lellouche en mode « je me lâche », ce portrait d'une jeune femme simple mais pas si facilement manipulable, emportera sans doute l'adhésion des spectateurs. La scène de négociation sur le montant de l'arrangement (visant à faire semblant d'être la fiancée de l’endetté Benoît) donne d'emblée une idée du caractère sans filtre du personnage, propre à répondre sans réfléchir, sans pour autant être totalement idiot. Une fois passés les quelques excès du voyage en avion, entre gilet de sauvetage et bouteille d'alcool, le langage fleuri marqué banlieue (on ne compte pas les « frérot », ou « cousin ») et le naturel du personnage font leur effet, en contraste forcément avec les hôtes et l'hôtel dans lequel les faux tourtereaux vont évoluer.

Au delà de quelques gags faciles (le défilé façon « Pas vraiment Pretty Woman » ; la tentative de coaching pour ressembler à une mannequin…), on se régalera plutôt de petits détails, tels un nom de pâtes pris pour une insulte en italien, le traitement réservé aux gamins qu'elle croise dont l'un « aime particulièrement le contact avec la terre » (sic !), ou les quelques dialogues bien crus autour de l'épilation dans la scène du hammam avec la belle-mère. S'ouvrant sur "Lovely Day" de Bill Withers, le récit est ponctué de différentes chansons, afin de dynamiser les transitions, et s'avère une sorte de buddy movie déjanté qui vaut principalement pour le tour de force de son actrice principale, qui s'en donne ici à cœur joie. Alors que vous soyez fan ou non de Camille Lellouche, la découvrir dans ce rôle particulier permettra de saisir sa capacité à transformant le côté sans filtre en véritables éclats de rire, alors que son personnage parvient à fissurer les apparences du couple de beaux parents.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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