L'ÉVALUATION
Pression parentale : mode d’emploi
Synopsis du film
Dans un monde futur détruit par le changement climatique, un couple doit passer une évaluation avant d’être autorisé à avoir un enfant. Mais ce processus de contrôle, effectué par une évaluatrice logée chez eux pendant sept jours, va peu à peu tourner au cauchemar psychologique…
Critique du film L'ÉVALUATION
Sortie le 08 mai 2025 sur Amazon Prime Video
On peut clairement féliciter Fleur Fortuné – moitié du duo Fleur & Manu à qui l’on doit déjà de très beaux clips pour le groupe M83 – d’avoir embrassé l’exercice du premier film en restant fidèle à ses velléités esthétiques et en ayant fait preuve d’un minimum d’ambition, surtout dans un registre aussi casse-gueule que celui de la science-fiction à tonalité réflexive et alarmiste (des cinéastes comme Andrew Niccol et Alex Garland n’avaient pas procédé autrement pour leurs débuts derrière la caméra). Avec "L’Évaluation", elle plonge dans un futur ravagé par le changement climatique, où un système totalitaire obnubilé par le contrôle des naissances impose aux futurs parents de passer un test pour prouver leur aptitude à élever un enfant. Durant sept jours, un jeune couple (Elisabeth Olsen et Himesh Patel) se voit contraint d’héberger une évaluatrice (Alicia Vikander, sidérante à plus d’un titre) qui, en plus de les observer dans tous leurs gestes et attitudes du quotidien, va surtout les mettre à l’épreuve en adoptant le comportement d’une enfant capricieuse et instable.
Au-delà d’un concept narratif à la "Ex Machina" (dont il reprend d’ailleurs l’actrice principale) où se déroule une série de « tests » dans un espace fermé sublimement high-tech, la réalisatrice lorgne surtout du côté du cinéma de Yorgos Lanthimos, avec sa situation de « jeu » tirant vers l’absurde et le malaise grinçant, et sa bande-son constituée de sonorités assez incongrues. Et sur une large partie du métrage, l’exercice fonctionne à plein régime. À l’instar de son confrère grec, Fortuné prend un malin plaisir à étirer certaines séquences jusqu'au point de rupture, jouant en permanence avec nos nerfs, à tel point que l'on finit par chatouiller le rire nerveux, histoire de simplement relâcher la pression. Le talent n’est cependant pas le même, et le gros bémol du film est hélas à mettre ici : plutôt que de tenir la distance de cette cruelle absurdité jusqu’au bout sans chercher à l’expliciter, la réalisatrice balance en fin de piste un climax trop explicatif qui sacrifie la portée du propos et des perceptions ambiguës sur l’autel d’une émotion un peu trop forcée – en gros, ça fait un peu « fin de film hollywoodien ». En résulte malgré tout un beau film de SF, intime et visuellement magnifique, qui aurait juste pu viser encore plus haut s’il avait laissé son public dans un franc état de réflexion en sortie de projo.
Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur