L'ÉTÉ L'ÉTERNITÉ

Un film de Emilie Aussel

L’éternité tout court

Synopsis du film

C’est l’été. Une petite bande de lycéens marseillais profite de cette phase heureuse, prémisse à un avenir incertain. Et soudain, la meilleure amie de Lise disparaît, pour toujours, au cours d’une baignade en bord de mer. Rien n’est éternel…

Critique du film L'ÉTÉ L'ÉTERNITÉ

Encore un film d’été qui précède la période estivale ? C’est un choix malin car on connaît le double effet que ça peut procurer : voir un tel film avant juin est une promesse d’extase solaire, le revoir fin août procure une décharge de mélancolie. Pas de bol dans le cas présent : si "L’été l’éternité" fait honneur à son titre, c’est uniquement sur le versant théorique, tant son récit peine à exaucer sa promesse d’un vertige estival naissant d’un imprévu tragique. Pour tout dire, lorsqu’on voit la façon dont le récit cherche à évoluer dans sa peinture de la reconstruction à la fois individuelle et collective d’un groupe de jeunes, on se demande si le scénario n’était pas au départ celui d’un court-métrage que la réalisatrice aurait essayé de rallonger par des éléments hors-sujet, histoire d’aboutir à une durée raisonnable pour une distribution en salles. Tout se fait ici en deux temps. Le temps des premières scènes (avant et après la disparition de la jeune fille) où se juxtaposent les baignades solaires, les vagues discussions inachevées et les jeux de regards mêlés à des silences qui chuchotent tout, le film convainc par son unité minimale, parfois assez proche de ce dont pouvait faire preuve Sophie Letourneur dans certains de ses films, faisant primer les sensations sur les mots quand ce ne sont pas les mots eux-mêmes qui deviennent sensations. Mais dès qu’il est question de reconstruire ce qui a été brisé, les mots reviennent à la charge et le film s’effondre tout de go.

On en prend très bien le pouls lorsque surgit une suite de scènes verbeuses, faisant intervenir un autre couple dans l’équation pour ne rien faire d’autre qu’enchaîner les actions cathartiques sur fond de performances théâtrales d’une vacuité à se flinguer. L’ostentation dont fait preuve Emilie Aussel transforme vite le film en pensum qui ne s’assume pas, en quête de transcendance qui se complaît dans le convenu et l’inachevé. Tout cela, ajouté à un romantisme qui ne déborde jamais vraiment de l’écran (est-ce parce que les jeunes comédiens font preuve d’un naturel trop erratique ?), aboutit à un résultat au mieux naïf, au pire creux. Cette année, les films d’été n’auront certes pas manqué à notre paysage cinématographique français, et certains auront même su produire un sacré effet immédiat et rétroactif – citons "Azuro" de Matthieu Rozé et "I Comete" de Pascal Magnani. Le premier film d’Emilie Aussel ne fera hélas pas partie de notre sélection.

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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