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L'ART D'ÊTRE HEUREUX

Un film de Stefan Liberski

La critique est aisée mais l’art est difficile

Jean-Yves, artiste sans envergure, emménage sur la côte Normande pour changer d’air et prendre un nouveau départ. Il y rencontre Cécile, une galeriste excentrique, et son mari excessivement jaloux, ainsi qu’une jeune artiste prénommée Déborah à laquelle il va s’attacher…

Il y avait dix ans que Stefan Liberski n’avait plus réalisé un long-métrage. Le dernier en date, "Tokyo fiancée", adaptation d’un roman de sa compatriote belge Amélie Nothomb, avait connu un succès très mitigé. C’est assez discrètement que sort son nouveau film, encore une fois adapté d’un roman, de Jean-Philippe Delhomme cette fois, intitulé La dilution de l’artiste. Un titre énigmatique mais qui semble plus pertinent que celui choisi pour cette adaptation au cinéma : "L’Art d’être heureux". Car si de l’art il est largement question dans ce métrage, le sujet du bonheur est très peu traité, ou alors très à la marge, laissant la douloureuse impression d’avoir été trompé sur la marchandise.

Il parait évident que l’art est le thème central de ce film. En revanche on sort de la projection en se demandant ce que Stefan Liberski a bien voulu nous raconter à ce sujet. Les théories sur la nature de l’art s’enchaînent et ne se ressemblent pas, mais ne semblent mener nulle part. On a ainsi droit à quelques concepts intéressants comme celui de la pièce vide comme œuvre d’art en soi, des débats sur la répétition de l’art et une théorie – pas si idiote – selon laquelle la représentation du sexe en peinture ne serait plus provocatrice depuis Gustave Courbet. Il en va de même du parcours du protagoniste, sorte d’odyssée picaresque sans entrain à laquelle il manque cruellement du liant et un but final, rendant le dénouement aussi peu crédible qu’inattendu.

La force du film aurait pu résider dans ce microcosme de milieu artistique du Tréport, milieu ô combien original et dans lequel Stefan Liberski tente de nous immerger, hélas sans y parvenir totalement, faute d’assumer ce côté film choral vers lequel il tend parfois. Et la sympathie qu’on peut avoir pour les quelques têtes connues que l’on rencontre n’y changera rien. Benoît Poelvoorde a beau être fidèle à lui-même, il ne parvient pas à masquer les faiblesses du scénario. Malgré la présence à ses côtés d’une Camille Cottin toujours aussi délicieusement détestable, un François Damiens haut en couleur et un Gustave Kervern qu’on apprécie toujours autant, devant la caméra comme derrière, il ne sera guère aisé de trouver des aspects positifs dans ce film. Pour cette fois, l’art était sans doute trop difficile.

Benjamin BidoletEnvoyer un message au rédacteur

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