L'ÂGE IMMINENT

Dès l’affiche de "L’âge imminent", le ton est donné : la douceur, la présence et l’amour seront au rendez-vous. La lumière du jour, filtrée par les arbres, laisse entrevoir Bruno se reposant, comme un enfant, sur l’épaule encore vive de sa grand-mère qui veille. Renversant la tendance au scénario, ce film raconte comment un jeune homme, à peine majeur, porte son aïeule à bout de bras. Ode à l’amour filial, il est une parenthèse de tendresse, profondément ancrée dans le réel d’un vieillissement avancé.

Pouvant rappeler des films comme "The Father" ou "L’étrange histoire de Benjamin Button", "L’âge imminent" prend le temps d’élaborer une image du vieillissement, de sa charge à ses joies. Loin de représenter Bruno comme un jeune homme triste, ou écrasé par le poids des responsabilités, il expose tous les pans de sa vie (petit-fils, musicien, ami, amant…). S’appuyant sur la lenteur des plans et l’originalité des cadrages, ce film touche au cœur par son sens du détail. Il ramène son spectateur à des situations simples, sans chercher un quelconque sensationnalisme. Il décrit le quotidien avec authenticité : d’un appel aux pubs télévisées au jeu de l’oie, en passant par l’installation d’une barre de douche.

Si parler de la vulnérabilité n’est pas aisé, le duo composé de Miquel Mas Martinez et d’Antonia Fernandez Mir en fait une représentation tout à fait fidèle et sincère. La douceur émane de chacun de leurs gestes. La photographie, comme la gestion colorimétrique, participent à cette absorption du réel par la fiction. Pouvant rappeler les films d’Almodóvar, tout est ici fait pour faire basculer le spectateur dans l’intimité des personnages et dans leur quotidien coloré. "L’âge imminent" est un film à voir pour se remettre au rythme de l’horloge et se rappeler du sens de la présence humaine.