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KRAVEN THE HUNTER

Un film de J.C. Chandor

Un chasseur chassant chasser

Dans le monde du grand banditisme, un nom est sur toutes les lèvres et fait tressaillir les malfrats : Kraven. Légende urbaine pour certains, mythe bien réel pour d’autres, il aurait en sa possession une liste. Une liste sur laquelle figurent des noms. Mais lorsque son frère est kidnappé, le chasseur n’a plus aucune limite…

Le mois de décembre est un créneau idéal pour proposer des divertissements grand spectacle pour toute la famille. Les studios le savent et nous proposent chaque fin d'année leur dernière grande proposition de film rassembleur. Mais au milieu des "Vaiana 2" et "Mufasa", on distingue un objet d'un autre temps. Sony propose donc en ce 18 décembre le dernier film de saga centré sur les méchants emblématiques de l'univers Spider-man (sans Spider-man rappelez vous) avec cette fois en tête d'affiche Kraven, chasseur impitoyable et aux thématiques fortes campé par Aaron Taylor Johnson. Autrefois le "Kick Ass" de Matthew Vaughn en 2009 (on rajeunit pas), il endosse la crinière avec aisance mais n’est pas aidé par une caractérisation inexistante et un script mou du genou.

Ah vous trouvez qu'on va trop vite à la mitrailleuse ? C'est que le studio, après 6 ans d'échecs critiques et hormis la saga "Venom" pour ce qui est des chiffres, a insisté pour nous vendre son univers étendu à coup de "Morbius" et "Madame Web", sans que la formule ne rassemble les foules. Le dernier rejeton déformé de la fratrie dont on parle aujourd’hui n’a amassé que 11 millions de dollars lors de son week-end d’ouverture à domicile, aux États-Unis. Et ça pour Sony c'est un vrai souci. Parce que malheureusement, et on cherche toujours pourquoi, ce sont des films qui coûtent cher à produire (pour le film d’aujourd’hui on parle quand même 110 millions de dollars !). Et peut-être le pire est que vous ne verrez jamais cet argent à l’écran. Il n’a pas été décaissé pour peaufiner un script et le rendre un tant soit peu intéressant et encore moins dans les effets visuels du film, qui oscillent entre le « moyen mais regardable » et l’ « indigeste ».

Évidemment qu’on ne cherche pas une histoire digne des grands classiques, mais si la production était attachée à fournir un produit de qualité cela se verrait ! Kraven étant plus « anti » que « héros » dans les bandes dessinées, il y avait matière à faire un film bourrin avec un protagoniste au caractère discutable. Non, ici il est réduit à tuer les méchants mafieux et sauver les animaux. Il devient donc difficile pour nous, en tant que spectateur, de croire au fait qu’il est comme son paternel, une brute épaisse et violente ; chose que le script nous assène à chaque séquence, ce qui alourdit cette narration qui s’évertue à nous raconter les choses plutôt qu’à trouver des idées pour les mettre en scène. La construction même du récit, avec ses allers-retours intempestifs entre passé et présent, alourdit bien évidemment le rythme et continue de nous consterner.

A force d’être face à des films qui se ressemblent tous, on devient fatigué dès que le premier gimmick de ce genre de production mal fagotée pointe le bout de son nez. Mention spéciale à Alessandro Nivola qui cabotine joyeusement en Rhino (jusqu’à sa transformation qui nous pique encore la rétine) et nous réveille de temps en temps grâce à son talent inhérent. Ce n’est pas le reste du casting qui permettra de rajouter des points à cette chose ringarde malgré la présence de noms plus qu’intéressants (Russel Crow qui s’efforce à être russe et Christopher Abbot en tueur froid, assez efficace mais plus que sous-exploité). Rien n’est mis en œuvre pour qu’une séquence sorte du lot ni même nous offre de l’action digne de ce nom. Cependant, le père Noël nous fait un cadeau en avance : Sony annonce la fin de son univers étendu avec comme clou dans le cercueil cette dernière production. Malheureusement, même pour un dernier tour de piste, nous n’avons pas grand chose à nous mettre sous la dent : il manque hélas à "Kraven the Hunter" un second degré que comportait la franchise "Venom", et qui nous permettait, entre deux siestes, d’esquisser un sous rire.

Germain BrévotEnvoyer un message au rédacteur

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