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KATIE SAYS GOODBYE

Un film de Wayne Roberts

Une chronique vibrante, mélange de douceur et de violence, sur une gamine devenue adulte trop tôt

Katie s’occupe seule de sa mère. Pour subvenir aux besoins du foyer, elle travaille dans un dinner tout en vendant ses charmes de temps à autre. Beaucoup se plaindraient de sa situation, mais ce n’est pas son genre. Car elle est sûre d’une chose : un jour, elle partira vivre à San Francisco…

Pour sa première tentative de réalisation, Wayne Roberts a décidé de poser son objectif au cœur de l’Amérique profonde. Point de départ d’une future trilogie ("Richard says Goodbye", le second volet, verra un professeur incarné par Johnny Depp tout lâcher du jour au lendemain), "Katie says Goodbye" suit une jeune fille dont le visage enfantin rappelle l’âge mais dont le caractère fut forgé par les épreuves de la vie. Père absent, mère shootée à l’alcool et aux médicaments, elle doit s’occuper seule du foyer. Pour s’en sortir, elle travaille donc dans un petit snack, tout en vendant ses charmes à l’occasion, à un routier de passage ou à un gars du coin.

Dans ce drame poignant et pudique dont le postulat remplit toutes les cases du bon produit pour Sundance, l’intelligence du scénario éloigne immédiatement l’intrigue des sentiers battus de l’indé US. Car la protagoniste ne s’apitoie jamais sur son sort. Non pas par naïveté, mais par une foi inébranlable dans un futur meilleur. Elle ne rêve pas de grand-chose, elle n’attend pas sa bonne étoile, elle accepte simplement sa condition, mettant de l’argent de côté pour rejoindre San Francisco et commencer une formation en coiffure, un métier qui rend heureux les gens selon elle.

Si le cinéaste signe un subtil portrait de femme, solaire et virevoltant malgré la noirceur des êtres rencontrés en chemin, le film est également une impressionnante photographie d’une Amérique rurale, où les âmes déambulent dans l’immensité des paysages en portant sur leurs épaules le deuil du rêve de l’oncle Sam. Sans misérabilisme, le métrage capture cette désolation ambiante pour mieux mettre en lumière son personnage principal, celle qui ne perd jamais son sourire et son humanisme. Au plus près d’elle, la caméra en oublie même de se focaliser sur les sublimes contrées de l’Arizona, tant Olivia Cooke éblouit la pellicule de son talent. Après "Ready Player One", la comédienne confirme son ascension et son aisance dans les différents genres. Et si ce plan séquence final est tant bouleversant, la performance de l’actrice est loin d’y être pour rien.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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