JOURNAL INTIME DU LIBAN

Un film de Myriam El-Hajj

Tu peux enlever le mauvais œil du Liban ?

Synopsis du film

A Beyrouth, 3 générations vivent tant bien que mal dans un pays pris en étaux depuis des années entre une classe dirigeante corrompue et des conflits aux frontières. Georges, un vétéran hanté par la guerre, Joumana, une militante candidate à la députation, et Perla Joe, une artiste engagée, partagent à leur manière la quête perpétuelle de la liberté et la fragilité de l’espoir que les choses peuvent s’améliorer…

Critique du film JOURNAL INTIME DU LIBAN

Le film commence par la voix de Myriam El-Hajj qui demande à son oncle s’il peut leur enlever le mauvais œil, à elle, et au Liban. Ce pays semble en effet maudit, tant par sa situation géographique au centre de l'échiquier du Moyen-Orient que par sa situation politique interne, éternel recommencement entre révolutions et élections truquées. En s’attachant à suivre 3 générations ayant des vécus différents à partir de 2018, la réalisatrice nous ouvre les portes de l’intime, toujours politique, dans un pays qui suffoque. Il y a Georges, un vétéran de la guerre civile qui ravagea le pays pendant 15 ans. Il affirme que les jeunes qui sont dans la rue en 2018 ne savent pas s’y prendre pour faire la révolution et que s'il était avec eux, ce serait plié en 24h. Le miroir qu’il nous tend alors est celui d’une génération incapable de se remettre en question et ça la réalisatrice l’a compris.

Ses deux autres protagonistes Joumana, une militante qui sera élue à la loyale à la députation puis démise de ses fonctions avant même de les prendre à Beyrouth, et Perla Joe, une artiste à la puissance brute et à l’engagement pour un monde meilleur quasi inébranlable, permettent de reprendre espoir. Elles se battent avec les armes à leur disposition, mais sans violence, pour garder la foi dans un lendemain plus juste. Le documentaire suit chronologiquement ces protagonistes sur quelques années : on les voit subir le Covid, qui met un coup d’arrêt aux révoltes au cours, puis prendre de plein fouet l’explosion du port de Beyrouth en août de cette même année.

Il faut un grand talent pour raconter sans romancer et la réalisatrice y parvient avec justesse en juxtaposant sa voix et celle de ses protagonistes. Leurs trajectoires se croisent, leurs peines et leurs espoirs se rencontrent, et c’est tout un pays qui parle à travers ces 4 voix. La réalisatrice ne cherche pas à attirer la pitié du spectateur, bien au contraire. Ce documentaire est du côté des vivants, des âmes fougueuses, des manifestants engagés et des anciens un peu dépassés.

Océane CachatEnvoyer un message au rédacteur

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