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L'IVRESSE DE L'ARGENT

Un film de Im Sang-soo

Un inutile exercice de style

Young-jak est l’homme à tout faire d’une richissime et puissante famille coréenne. Il sait que pour monter les échelons, il faut qu’il se rende disponible et se plie aux exigences parfois douteuses des membres de cette famille…

Alors que son remake du film de Ki-young Kim « La Servante » passait tout juste grâce notamment à ses actrices Yeo-jung Yun et Do-yeon Jeon, Song-soo Im reviens en compétition officielle cannoise deux ans plus tard avec son nouveau film, « The Taste of money ». Rien qu’a la lecture du synopsis, il y avait de quoi s’attendre à un film proche de son « The Housemaid ». Lors de la projection, la resucée se confirme : manipulation du petit personnel par une grande famille de la haute bourgeoisie coréenne, sexe, liaisons dangereuses et toujours cette mise en scène ultra-esthétisée. Le propos reste identique : les riches sont dépravés, sans morale et pressent les pauvres comme des citrons.

Seulement là où son précédent opus entretenait la tension jusqu’à un final, certes quelques peu grandguignolesque, mais original, « L’Ivresse de l’argent » reste fade tout du long. Le point de vue est de nouveau celui de l’ouvrier de maison que toute la famille s’arrache (la moitié du temps pour des faveurs sexuelles, l’autre moitié pour faire le chauffeur ou les basses besognes de Monsieur). Celui-ci demeure, hélas, spectateur de tout ce petit manège assez grotesque qui n’en finit pas à mesure des deux heures du film. Aucune empathie à son égard n’est possible tant le personnage de Young-jak est insipide. Le reste des protagonistes s'avère simplement être une brochette de personnages unidimensionnels, sans profondeur et même Yeo-jung Yun, pourtant excellente dans son rôle de femme de ménage dans « The Housemaid » ne parvient pas à exprimer une énergie comparable.

Reste l’extraordinaire travail sur la mise en scène et la lumière. Song-soo Im sait mettre en valeur ses cadres et filmer l’érotisme. On regrettera cependant que les séquences sensuelles soient si mal amenées. Au vu de ce résultat, il serait temps de suggérer au réalisateur d’arrêter de faire du « Dallas » et de retourner aux vrais drames subversifs comme au temps de « The President’s last bang » ou d’ « Une Femme coréene »…

Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur

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